Le résumé de The Bay, pour le moins laconique (« Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent… »), ne vendait pas particulièrement du rêve sur le dépliant du Fantastic’Arts. Ajoutez à ça que la bande-annonce laissait présager d’un film d’action un peu neuneu ; tout ça aurait pu me faire passer à côté du dernier métrage de Barry Levinson.
MAIS j’aime les films de contaminés, j’aime les histoires de scandales sanitaires (et j’avais eu la bonne idée de ne pas mater la bande-annonce), du coup j’ai mis The Bay en haut de la liste dans mon programme géromois ! Bien m’en a pris, car j’ai été agréablement surprise par l’œuvre.

Le found footage, on commence à en voir dans tous les styles. Beaucoup de spectateurs se lassent, même si je suis pas du genre à refuser de voir un film sous prétexte qu’il appartient à cette catégorie. Ça aurait pu être lourd, on aurait pu avoir droit aux éternels commentaires à base de « ça bouge de partout, ils peuvent pas tenir une caméra droite ?! » – à qui j’ai envie de répondre « Regarde un bon vieux film mis en image de manière classique et viens pas reprocher à un style ce qui fait l’essence de ce style. Et va mourir. ». Bref, j’ai pas eu l’impression que le public a retenu le format, à la sortie de la séance. Parce que The Bay est avant tout un film intelligent, sur la forme et sur le fond.

Intelligent sur la forme car le format found footage, totalement respecté, a la décence de nous épargner 90 minutes de prise de vue amateur. A la place, Levinson multiplie les formats : caméras de surveillance, visioconférence, films de vacances, et surtout reportage semi-amateur. Qui dit reportage dit caméraman sachant filmer correctement. On s’épargne donc la shaky cam sur la majeure partie de l’œuvre, et la multiplication des points de vue nous donne même parfois la sensation de regarder un film au format classique. D’autant plus que le réalisateur a le souci du détail, et parvient à intégrer du suspens – et même des sursauts – dans plusieurs séquences tournées par les personnages principaux.

Pour ce qui est du fond, le scénariste Michael Wallach a mixé du Jonathan Safran Foer (Faut-il manger les animaux) avec un mignon petit pou aquatique (le premier : http://www.axolot.info/?p=566), et en a fait des Chocapic. La péninsule du « Delmarva » (Delaware, Maryland, Virginie) abrite aujourd’hui la plus grosse partie de l’industrie du poulet aux Etats-Unis (oui, parce qu’à ce stade, on ne parle plus d’élevage mais d’industrie). En résulte une pollution (aux nitrates, mais aussi aux stéroïdes, entre autres) des sols, des nappes phréatiques et, donc, des eaux de la baie. Ce constat écologique est le point de départ d’un film à charge contre les lobbies contrôlant « la capitale mondiale du poulet ». Mais Levinson n’oublie pas l’action, et introduit donc son petit parasite mangeur de langue (quelques scènes gores comme il faut) pour nous faire réfléchir sur les conséquences de l’industrie agro-alimentaire moderne. Tout ça se tient correctement, grâce à des débriefings scientifiques habilement intégrés au montage.

The Bay peut se résumer comme le « found footage des écolos », et contenant un réel propos : l’histoire est vraisemblable même si (rassurez-vous) pas (encore) possible.
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le 22 févr. 2013

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