Ah, Oren Peli… Le mec qui a compris qu’avec presque rien, on pouvait faire des montagnes de frics en misant sur la vie filmée de deux classe moyenne dans leur pavillon de banlieue hanté… Sa formule du found footage marche tellement bien que les émules naissent de partout, avec plus ou moins d’inventivité (The tunnel) ou de pertinence (Chronicle). Voici qu’arrive The Bay, manifeste écologique moins couillon qu’il n’en a l’air, mais tout aussi frustrant que ses concurrents dans le domaine. Production Oren Peli, ça va sans dire…


Il faut néanmoins relever la méthodologie de The Bay, qui objectivement essaye de constituer son histoire avec une certaine organisation scientifique, collectant les preuves dans un ordre logique et n’osant jamais faire de liens facile, quitte à paraître lourd en insistant plusieurs fois sur des faits pour tracer un chemin logique et indiscutable. Cette lourdeur (on comprend tout de suite le problème, on identifie rapidement la source, mais nos doutes ne constituent pas des preuves) rebute, mais elle est tout à fait logique dans le cadre d’une démarche scientifique pour montrer l’existence d’un problème. Cependant, comme c’est imaginaire, on annihile ici le spectaculaire pour lui privilégier la démarche et la crédibilité, ce qui nous fait une belle jambe puisque l’histoire n’est pas réelle. Mais une fois encore, elle est crédible car bien construite, et pour avoir étudié en master de chimie environnementale, les mécanismes environnementaux qui sont décrits ici sont effectivement crédibles.


The Bay nous raconte donc l’histoire d’une ferme alimentaire qui utilise des kilos de stéroïdes pour développer rapidement ses animaux, et qui en rejette une partie dans l’eau de la rivière avoisinante. Manque de pot, un parasite aquatique assimile également ces stéroïdes, qui stimulent leur croissance et leur appétit


. Les poissons sont les premiers à trinquer, puis vient le tour des consommateurs de poisson et des baigneurs… On n’a donc pas affaire à de grosses bêbêtes, mais à pleins de petites saloperies qui bouffent les hôtes de l’intérieur. Le sujet est effectivement intéressant et peut être sujet à faire une bonne petite série B, mais comme dit précédemment, le film sacrifie le spectaculaire à une organisation lourdement descriptive. C’est donc réaliste mais peu spectaculaire, il n’y a finalement que peu de gore (un certain quota quand même, mais ça reste très rapide) et les effets spéciaux sont dignes d’Apollo 18 en termes d’efficacité. On voit le parasite, mais il ne fait pas très peur, et le climat psychologique n’est pas vraiment terrifiant. Il y a la matière pour une ambiance, mais aucun rythme, malgré une musique qui se veut horrifique, sans grand succès. Et quand ça commence à dégénérer, on retombe dans les clichés du genre (un type contaminé se suicide après avoir tiré sur la police soit disant pour les faire fuir, les gens meurent dans la rue, il faut sauver un bébé de ces méchants parasites…) sans la moindre gêne. Finalement frustrant dans son prétexte de documentalisme opportuniste, The Bay ne parvient pas, malgré la rigueur qu’il s’impose, à susciter l’intérêt sur la longueur, tant son côté documentaire le rend agaçant… Toutefois, il y a là plus de matière que dans les documenteurs habituels (et le pitch est très bis), donc pourquoi pas, même si c'est bavard...

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le 4 déc. 2015

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