Il y a ceux qui visent la grosse marrade et ceux qui préfèrent le rire jaune. Vous savez, ce sourire figé presque douloureux qu'on préfère afficher pour masquer la gêne. Une expression faciale qui va beaucoup servir en regardant The Beta Test, et ce n'est pas un accident.
Comment interpréter l'initiative de Jim Cummings et PJ McCabe ? Voyez-la comme la blague du cancre qui glisse un zeste de poil à gratter dans le dos des premiers de la classe. Nous, on regarde la situation dégénérer. Sauf qu'ici, les têtes d'ampoule sont des agents qui plastronnent dans les couloirs de studios Hollywoodiens. Ils parlent fort, rigolent bruyamment, reluquent leur assistante et prolongent le jeu de dupe dans leur ménage. Leur logiciel de pensée se résument à deux mots : pouvoir et sexe. Est-il nécessaire de mentionner le nom, vous connaissez le scandale non ? Un indice, c'est un producteur déchu.
Comme dans Thunder Road, Jim Cummings saute sans filet, toujours dans la zone rouge. Ridicule, pathétique, embarrassant, presque maso ; il interprète son impresario comme un schizophrène en pleine bouffée délirante. Il faut suivre, The Beta Test n'est pas du genre docile. Les silences sont très rares, comme si Cummings et McCabe s'étaient arrangés pour qu'une chape sonore accompagnent les 90 minutes. Quand ce n'est pas l'agitation ou les monologues de Jordan, la musique prend le relais, le volume grimpe jusqu'à crever les tympans. Le rythme privilégie les ruptures de ton et les éruptions avec un montage qui s'emballe. Pas mal de belles choses (la conversation en plans circulaires) qu'on doit presque attraper au vol tellement ça file. Entre ça et l'acide qu'il envoie sans retenue, difficile de ne pas en ressortir épuisé.
Hollywood ? Une chaîne d'employés qui continuent leurs activités alors que l'édifice tombe en miettes. L'image vous semble pessimiste ? Attendez de voir le monologue final, longue plainte en forme de doigt d'honneur à une industrie malade que ni les scandales ni la mauvaise conscience ne semblent en mesure de traiter. L'état des lieux dépasse le simple cadre d'un microcosme qui se regarde le nombril, comme en témoignent les dernières (et glaçantes) minutes.

ConFuCkamuS
6
Écrit par

Créée

le 18 déc. 2021

Critique lue 92 fois

1 j'aime

ConFuCkamuS

Écrit par

Critique lue 92 fois

1

D'autres avis sur The Beta Test

The Beta Test
Tishia
6

Satire sur fond de sexe et de mystère

Jordan est un agent à Hollywood, il vit dans un joli appartement et est sur le point de se marier. Un jour il reçoit une mystérieuse lettre dans une enveloppe violette qui l’invite à avoir une...

le 27 nov. 2021

18 j'aime

The Beta Test
Dagrey_Le-feu-follet
4

Gros Beta!

Jordan Hines, un agent hollywoodien à succès sur le point de se marier, reçoit une lettre anonyme l'invitant à une mystérieuse rencontre sexuelle. Son monde de mensonges et de flux sinistres de...

le 17 déc. 2021

17 j'aime

7

The Beta Test
ceciloule
7

Entre satire et thriller

Cette satire d'Hollywood, de ses faux-semblants motivés par l'attrait des dollars, est aussi une critique acerbe de l'intimité au temps d'Internet, et de notre modèle marital : rester fidèle de nos...

le 15 déc. 2021

10 j'aime

Du même critique

Dune
ConFuCkamuS
4

Anesthésie Spatiale

Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...

le 15 sept. 2021

67 j'aime

8

I Care a Lot
ConFuCkamuS
4

Épigone Girl

Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé...

le 20 févr. 2021

60 j'aime

Les Trois Mousquetaires - Milady
ConFuCkamuS
3

Tous pour presque rien

Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette...

le 13 déc. 2023

57 j'aime

7