Il y a ceux qui visent la grosse marrade et ceux qui préfèrent le rire jaune. Vous savez, ce sourire figé presque douloureux qu'on préfère afficher pour masquer la gêne. Une expression faciale qui va beaucoup servir en regardant The Beta Test, et ce n'est pas un accident.
Comment interpréter l'initiative de Jim Cummings et PJ McCabe ? Voyez-la comme la blague du cancre qui glisse un zeste de poil à gratter dans le dos des premiers de la classe. Nous, on regarde la situation dégénérer. Sauf qu'ici, les têtes d'ampoule sont des agents qui plastronnent dans les couloirs de studios Hollywoodiens. Ils parlent fort, rigolent bruyamment, reluquent leur assistante et prolongent le jeu de dupe dans leur ménage. Leur logiciel de pensée se résument à deux mots : pouvoir et sexe. Est-il nécessaire de mentionner le nom, vous connaissez le scandale non ? Un indice, c'est un producteur déchu.
Comme dans Thunder Road, Jim Cummings saute sans filet, toujours dans la zone rouge. Ridicule, pathétique, embarrassant, presque maso ; il interprète son impresario comme un schizophrène en pleine bouffée délirante. Il faut suivre, The Beta Test n'est pas du genre docile. Les silences sont très rares, comme si Cummings et McCabe s'étaient arrangés pour qu'une chape sonore accompagnent les 90 minutes. Quand ce n'est pas l'agitation ou les monologues de Jordan, la musique prend le relais, le volume grimpe jusqu'à crever les tympans. Le rythme privilégie les ruptures de ton et les éruptions avec un montage qui s'emballe. Pas mal de belles choses (la conversation en plans circulaires) qu'on doit presque attraper au vol tellement ça file. Entre ça et l'acide qu'il envoie sans retenue, difficile de ne pas en ressortir épuisé.
Hollywood ? Une chaîne d'employés qui continuent leurs activités alors que l'édifice tombe en miettes. L'image vous semble pessimiste ? Attendez de voir le monologue final, longue plainte en forme de doigt d'honneur à une industrie malade que ni les scandales ni la mauvaise conscience ne semblent en mesure de traiter. L'état des lieux dépasse le simple cadre d'un microcosme qui se regarde le nombril, comme en témoignent les dernières (et glaçantes) minutes.