On a connu notre cher trublion bien plus acerbe dans son émission télévisée (diffusée sur la même période que ce film) L'Amérique de Michael Moore, tant ici il ne fait que toucher du bout du doigt les problèmes, un peu comme si ce film signait les débuts timides des prochains "vrais" coups d'estocs que portera Moore au système américain (Bowling For Colombine, Fahrenheit 9/11...). On se contentera alors d'un film qui suit la tournée de promotion de Moore pour son livre Downsize This !, avec pour seuls sujets croustillants quelques rares polémiques rencontrées en chemin, au petit bonheur : la fermeture d'une usine qui met au chômage des employés qui travaillaient "trop" bien (ils ont fait augmenter le prix de rachat de l'usine, sans même le savoir, tandis que le patron se frottait les mains en prévision de l'affaire juteuse...), des femmes à qui l'on promet des aides financières qui ne viennent jamais... Mais, perdues dans le flot de scènes sur la tournée littéraire (peu intéressante), ou encore dans les happenings qui n'apportent pas grand chose d'utile si ce n'est faire le guignol pour la caméra (le grand défaut de Moore, aussi génial soit-il, reste sa mise en scène qui parfois le discrédite...) : le happening des femmes de ménage pour nettoyer le bureau du Gouverneur, la course et le bras de fer qu'il propose lourdement au patron de Nike... Cela nous rappelle les rares mauvais épisodes de son émission (à découvrir absolument, si vous ne la connaissez pas encore), comme celle dédiée au chameau de la marque Camel, qui ne sert strictement à rien. Mais quand on connaît l'excellence et le cynisme délicieux qui parcourent le reste de ses émissions et de ses films, on se dit que ce n'est que partie remise, et qu'on a déjà hâte de suivre notre "fouille-poubelles" adoré dans son prochain combat !