La tour infernale
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Je m'étonne presque d'avoir autant aimé ce film, tant le synopsis ne me disait rien qui vaille, tout comme le casting. Enfin, je veux dire, on a tant parlé de la crise des subprimes, de la finance pourrie et de ses acteurs inconséquents que me taper plus de 2h de film sur la question, franchement ça ne me bottait guère.
Et puis, bon, parlons un peu des acteurs : Steve Carell (que je n'ai pas souvenir d'avoir vu dans un bon film), Ryan Gosling (que je ne porte pas particulièrement dans mon coeur) et Christian Bale (le mec a quand même joué dans Batman - j'ai donc un à priori assez négatif sur lui). Heureusement, il y a Brad Pitt, que j'aime au moins autant (si ce n'est plus) que DiCaprio et qui, pour moi, peut absolument tout jouer tant il déborde d'un charisme tranquille et naturel qui me bluffe à chaque fois.
Je me suis donc laissée prendre par cette histoire qui nous raconte les années qui ont précédé la crise financière mondiale de 2008 : un récit chronologique où l'on suit des dirigeants de fonds d'investissement (Carell, Bale), des banquiers sans foi ni loi (Gosling) et un ex-trader qui s'est rangé et depuis cultive son jardin bio (Pitt).
J'ai aimé le montage nerveux et un poil hystérique à la Scorsese, la galerie d'acteurs qui m'ont tous énormément (et agréablement) surprise, et surtout : j'aime quand le cinéma fait œuvre de pédagogie, devenant un outil didactique, sans oublier d'être divertissant. Il y a de l'humour et du drame dans ce documentaire qui explique les tenants et les aboutissants de cette crise complexe qui ne manquera toutefois pas de perdre un tout petit peu les profanes. Heureusement que j'avais à mes côtés un spécialiste des obligations et autres produits dérivés, sinon je serais peut-être passée à côté de pas mal de choses. C'est d'un compliqué, quand même, tout ça ! Il faut à la fois comprendre l'aspect technique des choses et le système de confiance/défiance qui s'installe entre tous les acteurs : on peut facilement s'y perdre.
J'ai beaucoup aimé que le film cherche à prendre du recul sur les faits, tente d'humaniser, bien loin des simples chiffres, les ressorts de cette crise qui a laissé des millions de gens sur le carreau (et offert des chèques bien garnis à quelques uns). Adam Mc Kay explique très bien, de manière très imagée, la spéculation, les CDO, les credit default swaps, à grands renforts de petites saynètes rigolotes (la bimbo dans son bain, le chef cuisinier, le black-jack et Selena Gomez). De ce point de vue, j'ai trouvé que le film était plus réussi car plus fun, plus imaginatif que Margin Call (au demeurant un bon film mais beaucoup plus froid et factuel).
On suit donc avec beaucoup d'intérêt ce Big Short, à la dramatisation impeccable, qui nous fait parfois hésiter entre humour et gravité et qui offre à ses acteurs de très bons rôles sans jamais sombrer dans la caricature ou le pathos.
Mention spéciale pour les messages de fin et ce qu'ils nous apprennent sur la spéculation en cours - mais non médiatisée- des banques et des hedge funds qui parient sur un seul produit depuis 2015 : l'eau.
Instructif, divertissant, intelligent, très bien mis en scène: vraiment, un très bon film.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films aux meilleures bandes originales et Chocs cinématographiques [2016]
Créée
le 20 mars 2016
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