They see me (Jean) Rollin’, they hatin’

J’ai hésité à appeler cette critique Belzézbeule, dont je n’étais pas peu fier mais je pense que ce titre est plus rigolo.


Comme beaucoup, je me suis fait avoir par Netflix. Si certains sont tombés dans le piège à cause des mots d’accroches gore et violence, moi c’est le terme sexe qui m’a eu. Hé, à chacun ses faiblesses ! Cela étant dit, tous les termes pour désigner ce film sont trompeurs et tous ceux que l’on peut imaginer pour le catégoriser ne colleraient pas, si ce n’est celui d’étron. J’aurais sans doute dû me renseigner avant de lancer ce film mais mon côté aventurier niveau 2 m’a poussé à y aller à l’aveuglette. Et désolé de vous décevoir, mais même si le réal’ a un peu la même manie que Jean Rollin à savoir de déshabiller tout ce qui a une paire de seins, Rolfe Kanefsky est bien plus avare sur les poitrines et fort peu de jolis corps sont montrés en tenue d'Adam à la vue des spectateurs.


L’histoire commence donc par une vieille qui dort et une cave qui fait du bruit. On comprend rapidement qu’un esprit lubrique traîne dans la maison puisque la petite-fille de la vieille se fait mordiller un néné (profitez-en, il n’y en aura guère plus) et couine comme madame de Pompadour avant de finir à poil devant sa grand-mère (ce genre de choses arrivent, on ne juge pas). Les deux femmes descendent à la cave avant de se faire aspirer par un portail satanique.


Deux ans plus tard, un couple de comédiens qui se sont fait enflés par ce même agent qui s'occupait de la carrière de ses clients en lançant des fléchettes sur une cible achète ladite maison à une agent immobilière tellement crédible que je me suis cru sur propertysex et les deux tourtereaux vont tantôt recevoir une visite du démon. Une capsule temporelle du début de siècle arrive avec à son bord une gothique à gros seins, il s’agit de la « sœur » de la femme (comprenez un fantasme du réalisateur pour les femelles wisigoths parce qu'elle sont autant sœurs que moi et Samuel L. Jackson sommes bro, même si on reste tous united dans le human gender n'est-ce pas ?) alors qu’au même moment le démon prend possession du corps du mari. Et là mes pauvres amis, je n’étais pas prêt. Le métrage part en roue libre, la bobine s’enflamme, Poutine quitte la présidence, rien ne va plus.


Le jeu d’acteur, qui n’était pas exceptionnel mais plus ou moins passable pour de la série B, part complètement aux fraises, le mari surjoue à mort et en fait des caisses, aucun acteur ne tient plus la route, une femme se retrouve avec une paire de roberts dans le dos, le mari joue un gros mec en chien qui veut ranger son épée dans tous les fourreaux qui croisent sa route (et le hasard fait qu’il ne croise pas de fourreaux qui ait vilaine allure), un lave-linge éjacule littéralement sur l’héroïne qui ne comprend rien de ce qui se passe et devient tellement stupide que ça en est exquis. Le mari propose à sa femme un plan à trois avec sa sœur sans que ça n’ait vraiment une grande importance puisqu’elle semble oubliée la proposition saugrenue dès le lendemain matin. Comme dirait l'autre, une omelette et on oublie la proposition d'inceste. Je la soupçonne d’être Alzheimer toutefois ; en effet, une fois le film arrivé à son terme, on retrouve notre couple une semaine après les événements, prêt à s’envoyer en l’air. À croire que la sœur littéralement éclatée du vagin à la bouche par une tentacule des enfers fut vite oubliée.


Les dialogues deviennent ridiculement drôlissimes ; quand l’autre andouille de mari invite, pour une pendaison de crémaillère, son seul pote qualifié de gros par l’épouse de ce dernier sans raisons ni excès de graisse apparents, sa femme lui demande qui sont les autres invités. Sans pression et tout naturellement il répond « Ta sœur, l’électricien et le plombier ». Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a fait hurler de rire.


Il va sans dire que les effets sont nazes, que la musique est hors-sujet et au rabais, que la résolution de l’histoire est débile au possible, que le scénario est plus bancal que la tour de Pise et que globalement, rien ne fonctionne. Mais pour être honnête, on s’en serait douté dès le générique d’ouverture qui est était déjà anachronique dans les années 70 et qui est plus kitsch que ces couillons qui ont des casquettes Monsters.


Par grandeur d'âme on peut dire qu'on peut sauver quelques visuels sympas du métrage, comme la porte satanique avec ses mains dégueulasses qui en sortent ou encore « l’utérus de la maison », comme ils l’appellent. Cet endroit sert à je ne sais pas quoi et on retrouve toutes les victimes du démon qui servent à accoucher d'un truc quelconque. Le décor n’est pas original en soi mais c’est joli à voir. Ah et on pose aussi une caméra dans une lave-linge. Allez savoir pourquoi, mais j’ai trouvé ce plan un poil original. Il ne sert à rien, mais on finit par s'extasier devant le moindre élément un peu surprenant.


Bon après faut pas déconner, le reste est bien laid comme il se doit, j’en veux pour exemple le maquillage de la sœur qui est sensée avoir perdue sa mâchoire mais qui a juste l’air d’avoir mis son Big Mac en entier dans la bouche et qui n’arrive pas le mâcher.


Une question m’a taraudée pendant tout le film, c’était de savoir si c’était une parodie ou non. Non pas que ça puisse sauver le film, loin de là. Mais je n’ai pas réussi à trancher. Autant certains éléments me font penser que oui, dans le jeu d’acteur ou dans les dialogues, autant d’autres me font penser l’inverse comme le « sérieux » de certaines scènes, notamment les mises à mort. J’en sais foutre rien, ce qui rend le film encore plus difficilement classable dans quelques catégories que ce soit. Ça m’a fait penser à du Jean Rollin mais avec un poil plus de budget et une caméra plus stable dont on perd le charme chiant, mélancolique et amateur de ce dernier (quand je dis que ça me fait penser à du Jean Rollin, on s'entend, c'est surtout pour le genre qui mélange sexe, horreur, série Z, mais ça s'arrête-là, bien évidemment). Bref, The Black Room (qui n'a rien à voir avec le trou du cul, si ce n'est l'odeur) c’est une sorte d’arnaque nanardesque (un arnanard ou une arnardesque, à choix) mais qui m’a bien fait rire.


Du coup est-ce qu’il vaut le coup d’être vu pour ce qu’il est, à savoir une sorte d’hybride incestueux entre la parodie et le navet ? Non, je pense que le temps est trop précieux pour le perdre là-dedans. À voir peut-être avec une bande de potes entre Troll 2 et The Room et quinze litres dans le caisson.

Ji_Hem_
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le 4 août 2020

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Ji_Hem_

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