Première production de Compton Films (Répulsion, Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur, La Vie privée de Sherlock Holmes, etc.), le film traîne une très modeste réputation. Avec son interprétation un peu fade et un scénario prévisible jusque dans son dénouement, on peut comprendre que ce produit de série n’ait pas réussi à sortir du lot quand, dans le même temps, Terence Fisher, Mario Bava ou Roger Corman se disputait le marché de l’épouvante. Le résultat vaut pourtant mieux que ce qu’on en dit. Avec son histoire de famille maudite, de double maléfique et de vie au château sabordée par un esprit vengeur, le récit se suit très agréablement avec ses péripéties alertes, ses personnages bien croqués et son atmosphère gothique à souhait.
Si le pot-aux-roses ne fait pas longtemps illusion, le mystère se terre, comme souvent dans les productions anglaises, dans sa capacité à créer des ambiances. Et l’ambiance est ici particulièrement réussie même si l’ensemble est desservi par une vieille copie aux couleurs délavées. Certainement qu’avec une copie restaurée, le résultat serait encore plus appréciable. Mais, à coup sûr, les amateurs de châteaux anglais et de machinations obscures trouveront leur bonheur. Sûr qu’un Christopher Lee ou un Vincent Price dans le rôle principal aurait donné plus d’épaisseur au film mais l’inconnu John Turner ne démérite pas.
Par ailleurs, avec sa petite durée (1h24) et un certain sens du rythme, l’économie du récit s’en trouve renforcée. On ne s’ennuie pas une seule seconde et la tension, si elle n’a rien de remarquable, est constante. Entre scènes nocturnes étranges et scènes diurnes qui interrogent l’étrangeté, on se retrouve avec un résultat cohérent, parfois maladroit certes, mais qui parvient à tirer l’essentiel de son matériau de base. Un film très agréable.
6,5