Lame damnée .
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Jonché d'enflures qui se la fendent quand ça souffre en place publique. Jalonné de chair brûlée. Borné de métal saillant. Lardé de pulsions rustres. Il est pavé de mauvaises intentions, surtout. Un vrai foutoir.
Et à la lisière des deux mondes, Tsui Hark qui filme avec sa chignole à images, sa taraudeuse à fantasmes.
Quelle claque mes amis, visuelle beaucoup, mais pas que. C'est quand le film s'arrête qu'on se rend compte que c'est paisible autour, que finalement tout se déroule à vitesse raisonnable. J'avais eu un peu cette sensation après avoir terminé Tokyo Fist. Une sorte de soulagement.
Ce film est unique et je n'en connais aucun de véritablement comparable. Hier soir c'était Blade of Fury, ça me donne donc tout de même matière à mettre en balance. Là où Blade of Fury pêchait un peu sur la lisibilité de ses fights, The Blade parvient à faire mieux, tout en étant encore plus extrême formellement. Et sûrement plus inventif aussi. Visuellement c'est éprouvant, mais jamais nauséeux. Bien que la toute première séquence d'expo en voix-off se tienne à carreaux, le reste du temps ça veut pas tenir en place; la caméra tressaute comme un gosse devant un magasin de jouets, ou comme une lycéenne devant des chiottes occupées après une pinte de blanche, faut que ça bouge, sans cesse. C'est blindé d'idées plastiques qui sans le feeling de son réalisateur ne seraient qu'un amas dégueu de secousses visuelles. Petit parallèle encore avec Blade of Fury, c'est l'utilisation du fast motion. Alors que c'était pour moi un des plus gros défauts du film de Sammo Hung, à savoir son utilisation à l'excès, The Blade ne se le permet que pour la joute finale (la putain de joute finale), et c'est propre. Peut-être à d'autres moments, mais je n'ai rien remarqué, donc yabon.
Sur le fond, c'est très dense tant ça s'éparpille, et en même temps vide de sens, ça ne va nul part en particulier. Loin d'être un expert sur la filmographie de Tsui Hark, j'ai pu souvent lire le terme récidivant de "chaos". Et la vache, c'est ça. Visuellement, je dirais que c'est un faux chaos, mais sur le fond c'est la pétaudière du Diyu. Les trames sont diverses et on ne sait pas réellement laquelle est le point central du film, le film lui-même sans doute.. Cela n'empêche que certaines parties de l'intrigue sont bourrées de style. Les métaphores de l'amputation qui aboutiront à un style de combat unique: bras amputé, sabre amputé, manuel d'escrime dont il manque la moitié (amputé). La classe quoi.
Au final tout n'est que bas-instincts: du viol, de la torture, de la décapitation, de l'agression, du vol et , même dans le camp des "bons", c'est pareil: jalousie, vengeance, pulsions sexuelles etc. C'était peut-être le seul vrai message du film, si on n'est pas encore pourri, et bah ça viendra, parce que de toute façon tout n'est que violence et rancissure.
Merci tonton Tsui, ça commençait à être un peu trop folâtre avec toutes ces décos de Noël.
Je dis pas chef-d'oeuvre, parce que je l'ai pas encore digéré, et qu'on ne dit pas des choses pareilles sans au moins un second visionnage, mais ça en a tout l'air. Et moi qui avais peur de pas aimer...
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Créée
le 8 déc. 2016
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