The Box connaît le problème de ces films qui partant d'une idée (bonne ou mauvaise d'ailleurs ce n'est pas le problème) la développe tout au long du film, se donnant pour l'occasion la facilité d'une ligne à suivre, tout s'organisant autour. Avec un bon scénario cela peut donner une histoire plaisante à regarder, à la rigueur.

Ici c'est catastrophique. Malgré une certaine connaissance technique du langage cinématographique, le monsieur connaît sa grammaire, on y trouve le même mélange de mystique à quatre sous et de principes scientifiques mal compris, mal saisis, mal digérés que dans le précédent méfait de Kelly, à savoir Donny Darko. Les femmes y sont faibles et vénales, les hommes sensibles et naïfs. On se croirait dans un monde Walt Disney qui refuserait de se montrer comme tel. Or on n'enrichit pas un monde en le désenchantant (en définitive l'homme est mal intentionné et indigne d'exister), mais au contraire, on l'enchante dans sa complexité à le saisir ; on n'intéresse pas un film par les méandres du scénario mais par sa capacité à raconter quelque chose. Ici tout est bêtement simpliste. Seul se complique l'artifice, tout vient de l'extérieur, comme les épicycles de Ptolémée et, comme en science, les épicycles au cinéma sont symptômes d'égarement et d'erreurs.

The Box fait partie de ces films pessimistes qui se font une petite idée de l'homme ; cette petite idée bien crasseuse, qui ne réhabilite rien, qui ne cherche rien qu'à dire : "voyez ce que vous êtes et tout votre amour, toute votre bonne volonté n'y peuvent rien". Il y a depuis quelques années dans le cinéma américain un tendance à utiliser Kafka n'importe comment et en particulier sans en capter ni la finesse de l'humour ni l'immensité du tragique (on ne peut être kafkaïen au cinéma sans être burlesque). Cette manière qui enferme les personnages dans des situations qui se veulent "allégories", et confond crise métaphysique, enjeu ontologique avec angoisse morale, on le voit dans The Box, on l'a vu dans les Saw.

Aussi, je lance ici un appel :

Cessons avec ce cinéma bête et moralisateur, cessons de confondre intelligence et complexité, cessons de croire qu'à la complexité de notre rapport au monde doive répondre la complexité du scénario, que le contraire du naïf soit le désenchanté.
reno
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le 23 déc. 2010

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reno

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