Pour beaucoup, il aurait fallu que Sheridan ait quelque chose d'important à dire pour ajouter à son Au nom du père. De VRAIMENT important. The Boxer revient sur le terrain d'une guerre irlandaise menée sur des fronts plus nombreux que quatre ans auparavant : cette fois on approche une confrontation politique, sociale, intestine plus que civile, bref, de quoi soulever plus d'émotions que de réflexion, et pas les deux comme l'opus précité. Mais que dit-il de plus ?
Il a son histoire propre, centrée sur Day-Lewis, le boxeur sortant de 14 ans de prison qui n'a qu'une envie : boxer. Et retrouver l'amour de sa vie. Ça fait deux.
Tandis qu'il s'érige en star de son district, il l'emporte avec lui dans une ferveur pour le sport de combat qui sert soudain d'exutoire pour les jeunes, plus attirés par les coups de poings que par les coups de feu. Mais cela ne va pas plaire à tout le monde qu'il soit suivi par de potentiels poseurs de bombe – on aimerait bien des jeunes qui ne jettent pas l'éponge, mais pour la nation et pas sur le ring. Au milieu des dissensions, l'IRA subit un schisme fatal tandis que la guerre se convertit en « conflit mou » davantage dans l'air du temps, où le boxeur a la malchance de colporter de nouveaux enjeux.
Mais j'ai beau admirer Day-Lewis, il est passif et ce n'est pas la première fois. Littéralement trop pris par son rôle (il s'est élevé au niveau d'un boxeur professionnel pour les besoins du film), on a oublié de lui rappeler de ne pas tenir son statut pour acquis : il faut carrément se remémorer Au Nom du père pour lui donner substance au-delà d'une amourette que le montage est seul responsable d'avoir dégrossi dans ses rushs intimes et imposants avec Emily Watson.
La boxe acquiert bel et bien la place métaphorique que Sheridan lui réservait : plus qu'un exutoire, le ring est une boîte de Pandore contenant l'avenir irlandais, et le boxeur en est la clé – même avec ses convictions et malgré sa compétence. C'est là que la passivité de l'acteur devrait s'interpréter comme son instrumentalisation, sauf que le film n'utilise aucune de ses nombreuses pistes pour élaborer un débouché fort : ni film de sport, ni film d'amour, ni social ou historique, The Boxer est une œuvre où l'on retrouve un peu de tout ce qui a rendu Sheridan géant - mais coupé aux deux extrémités, comme si sa création n'avait ni début ni fin et que le moyen de le détacher de Au nom du père était simplement la discrétion.
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