C'est si beau et émouvant.
J'ai beaucoup pensé pendant le film à cette phrase que Pialat attribue à Van Gogh dans "A nos amours" : la tristesse durera toujours.
Le personnage multiplie les arrêts, les possibilités de fuite ; mais il finit toujours par partir, par bifurquer, par abandonner ses rencontres. La tristesse que l'on ressent est une tristesse qui pourrait disparaître, mais que le récit et le personnage prolongent, aspirés par quelque chose de plus grand. C'est la figure de Daisy, cachée au bout du film, nourrissant sa douleur, hantant chaque plan.
Et pourtant, il y a une fin, magnifique, scandaleuse, abrupte.
En regardant The Brown Bunny, j'ai beaucoup pensé à la solitude du peintre - idée purement romantique. Pourtant, le film est très concret, toujours au ras du réel. En cela, il est aussi radicalement contemporain, et c'est cet entre-deux que j'aime, espace étrange où peut éclore le film.