Très attendu, convenable sous tous rapports et finalement convenu d'avance The Brutalist de Brady Corbet ( le nouvel enfant terrible du Cinéma outre-Atlantique, rien que ça ! ) tient d'un bout à l'autre de la fausse valeur artistique éhontément calculée, fabriquée et - de fait - terriblement consensuelle ; un Grand Film de Cinéma qu'il serait de bon goût d'avoir vu et d'avoir apprécié, mais surtout prétexte à en parler dans les repas de famille à n'en plus finir ou dans les sphères culturelles prétendument brillantes ou simplement éclairées...
Bloc filmique de 200 minutes aussi rébarbatives qu'un grossier parpaing émoussé étayant quelque Gros-Oeuvre ( à peine aéré d'un entracte d'une quinzaine de minute plus ou moins salvatrices...) The Brutalist demeure et restera précieux ( énormément) et (assez) ridicule dans sa volonté clairement assumée de poutrer tous les autres prétendants à la Palme de l'Académisme de Haute Voltige. Maniériste et fortement proche du remplissage ledit Chef d'Œuvre retrace donc la destinée contrariée de Laszlo Toth, un immigré hongrois de confession juive incarné par le pataud et surexploité Adrien Brody débarquant en terres pennsylvaniennes afin d'exercer ses talents d'architecte brutaliste pour le mécène très, très méchant ( et très, très moustachu ) Harrison Van Buren joué par le passablement beau et fringuant Guy Pearce... Entre le cabotinage du second et la débrouille malhabile - mais pourtant pleine de bonne volonté - du premier le film-évènement de Brady Le Corbusier racole à tous les étages de la dramaturgie logiquement oscarisable. C'est surfait, m'as-tu-vu et finalement très, très antipathique.
Bien trop long pour ce qu'il cherche à raconter ( 3 heures et 20 minutes pour développer une interminable dichotomie opposant le gentil rescapé de l'Holocauste au méchant magnat du Capital sur fond de violations humaines, c'est un peu gros...) The Brutalist y va finalement à coups de marteau dans ses intentions certes clairement définies mais néanmoins redoutablement opportunistes ; incapable de ne pas vouloir faire son intéressant ou de simplement se faire remarquer Brady Corbet se drape dans une démiurgie de briques et de toc, jouant sur un long enchaînement de plans tous plus démonstratifs les uns que les autres : entre esbroufe assumée et classicisme pétri de passages obligés ( le héros a ses démons et sa came, les femmes se font sauvagement violées, l'antagoniste use de mépris et de manipulations en tous genres, le sujet est un Sujet avec un grand S incluant les questions d'exclusion, d'idéologie raciste ou encore les fantômes de la Shoah...) ce gigantesque caprice filmé en Vistavision façon 35mm n'est pas même réellement agréable à voir, trop propre sur lui pour que l'on y distingue de belles aspérités et pas assez cohérent pour que l'on parvienne à s'intéresser à cette proposition sur la durée...
La seule vraie bonne idée inhérente au projet est d'avoir osé tourner une fausse biography picture, en en reprenant tous les gimmicks propres au cahier des charges d'un genre éculé jusqu'à la corde pour mieux les détourner... Hélas l'ensemble fait tellement "performance" sous tous les angles, tellement "film de petit malin" que - passé l'entracte puis le bénéfice du doute - le très, trop long métrage de Brady Corbet achève de nous plomber le moral, jusqu'à cet épilogue où vulgarité et solennité forcée se conjuguent pour notre plus grand déplaisir. The Brutalist, c'est donc ça : beaucoup de bruit pour finalement pas grand-chose, le chef d'œuvre de la semaine que beaucoup auront oublié d'ici quelques années...