The Brutalist
7.1
The Brutalist

Film de Brady Corbet (2024)

Alors oui, effectivement, ce film réalisé par Brady Corbet et sorti tout récemment est bon. De là à dire qu'il en est monumental, que c'est déjà le meilleur film de cette année ou encore qu'il réinvente le Nouvel Hollywood (et en même temps, c'est vrai qu'il y a ce petit côté film monumental, de par sa durée, avec une patine 70's), c'est beaucoup !

En effet, si le film reste, dans son ensemble, effectivement plutôt très bon formellement parlant, c'est surtout dans son propos qu'il peine à délivrer des messages réellement pertinents. Enfin, ce n'est pas vraiment qu'ils ne sont pas pertinents mais toujours grossiers car surexpliqués.

Pour redonner un peu de contexte, nous suivons ici les "aventures" d'un architecte hongrois survivant des camps de la mort qui décide de partir aux États-Unis pour y vivre le rêve américain. Là-bas, il fait la rencontre d'un riche un peu fou-fou qui lui promet de rapatrier sa famille avec lui s'il lui construit un immense complexe.

Bon déjà, le tout est un peu prévisible, c'est-à-dire que si la plupart des américains (masculins et blancs je précise) qui gravitent autour du personnage principal sont très attentionnés envers lui, c'est avant tout une façade puisqu'ils posent souvent des questions assez embarrassantes, László n'étant en réalité considéré surtout que comme une bête de foire. Bête de foire qui devra de plus être éternellement reconnaissant envers son mécène américain qui lui a permi de réaliser son rêve (américain ?).

Bon, à la limite, la première partie n'est pas si maladroite et mal écrite, elle en est même par moments plutôt subtile (enfin surtout au tout début dans les rapports qu'entretient László avec son cousin et la femme de ce dernier) et est surtout intéressante quant à la mise en scène du rêve américain et de son contexte de l'époque. Et puis bon, il est vrai que nous sommes continuellement écrasés par une sublime mise en scène qui ne fait pas l'erreur de tomber dans l'écueil du démonstratif pour autant. Et puis survient la deuxième partie avec ses gros sabots.

En effet, si nous n'avions pas compris les rapports de force que le scénario met en place dans la première partie, la seconde va nous surexpliciter tout ça avec un manichéisme assez grossier : en gros, tous les américains masculins blancs sont très méchants et tous les autres sont très gentils (on peut par exemple penser au seul véritable ami de László qui est un afro-américain ayant été enrôlé de force pendant la Seconde Guerre et n'ayant eu aucune reconnaissance par la suite, bien au contraire).

Alors bien évidemment que ce sont des rapports de force qui ont existés et qui existent encore (la question n'a d'ailleurs jamais été autant d'actualité que dans le contexte américain actuel) mais le film ne fait strictement aucun effort pour être un tant soit peu subtil.

Le tout jusqu'à une fin que je trouve complètement bâclée, sinon ratée car beaucoup trop expéditive. On vient quand même de se taper trois heures trente de film (qui souffre d'ailleurs par moments de gros problèmes de rythme), le tout pour finir de cette manière, bon c'est limite de l'irrespect.

En revanche, heureusement, la mise en scène est toujours aussi excellente dans cette seconde partie (et même dans cet épilogue que je n'aime pas donc) ; elle ne fait pas que délivrer de belles images mais raconte énormément de choses, elle ne se contente jamais de n'être que passive. Puis je ne parlerai pas spécialement du casting car je n'ai rien à dire dessus, tous les acteurs étant très bons.

Alors certes "The Brustalist" est formellement excellent mais fondamentalement déjà-vu et même assez faible et naïf.

Shawn777
7
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le 19 févr. 2025

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