The Brutalist
7.2
The Brutalist

Film de Brady Corbet (2024)

Ce film s'est avéré déroutant. Mais aussi stimulant. Parfois oppressant.

Mais pas ennuyeux en dépit de ses 3h35.


Le réalisateur propose de suivre le parcours d'un architecte juif hongrois qui, ayant réchappé aux camps de la mort, émigre aux Etats-Unis. A Philadelphie, il va débuter modestement avant de se voir proposer un projet à la mesure de son talent.

Servi par un Adrian Brody magistral et émouvant, cette histoire évoque en creux l'accueil réservé aux juifs immigrés dans le nouveau monde après la seconde guerre mondiale. Un accueil teinté de mépris qui se devine sous les sourires policés. Cohabitent les camps des juifs installé depuis longtemps et ceux fraîchement débarqués au pays de la liberté. Guy Pierce campe à cet égard brillamment un américain dont la réussite industrielle masque à peine quelques remugles sordides de son arrière cuisine familiale. Le trio est complété par l'excellente Felicity Jones, épouse toute en nuances dont l'érudition ne lui épargne pas les tourments qui agitent les survivants de l'holocauste. La longue séparation d'avec son époux suivie de retrouvailles aussi bouleversantes que complexes sont de grands moments du film.


Au-delà d'un récit sans guère de concessions et parfois difficile à suivre, tant dans sa dureté que dans son déroulé, c'est la place laissée au spectateur qui m'a séduit. S'il n'est pas exempt d'étrangeté, il ne prémâche pas la réflexion et laisse la part belle à l'imagination. en témoignent trois période narratives : 1947-1952 puis 1953-1960 et enfin 1980. Certains évènements ne sont pas éclaircis et encouragent le spectateur à deviner ce qui a pu advenir de certains protagonistes.

On parle là de viols, d'incestes probables, de trépas.

De la même manière, combien de silence laissent place à l'interprétation du spectateur.

La musique, oppressante par moments, accompagne le propos tandis que se superposent régulièrement des images issus de deux scènes distinctes qui se répondent en écho.


The Brutalist peut tout autant évoquer le style architectural utilisant le béton brut que la brutalité avec laquelle les américains "de souche" pouvaient traiter les immigrants juifs post Shoah. Sans être un monument cinématographie, c'est un objet singulier qui mérite d'être découvert, tant son architecture est baroque.

Apostille
7
Écrit par

Créée

hier

Critique lue 4 fois

2 j'aime

Apostille

Écrit par

Critique lue 4 fois

2

D'autres avis sur The Brutalist

The Brutalist
Yoshii
5

Edifice en carton

Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...

le 10 févr. 2025

62 j'aime

26

The Brutalist
Plume231
4

László au pays des méchants Américains !

Ce film, à peine sorti de la salle de montage, a reçu une avalanche d'éloges, de superlatifs, de comparaisons glorieuses aux plus grands chefs-d'œuvre incontestés du septième art, tout en ayant le...

le 13 févr. 2025

57 j'aime

6

The Brutalist
lhomme-grenouille
4

L'art abîmé de notre temps

Comme beaucoup, je pense, j’ai été attiré par la proposition singulière faite par ce The Brutalist. Un film de plus de 3h30 avec entracte, tourné en VistaVision, le tout en se référant directement...

le 13 févr. 2025

31 j'aime

6

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Apostille
5

Vide dans l'espace et trou noir artistique...

J'avais depuis bien longtemps entendu parler de ce film devenu culte. Pourtant amateur de science-fiction, je n'avais jamais eu l'occasion de le regarder. C'est chose faite depuis ce soir. Le moins...

le 19 avr. 2014

87 j'aime

13

Les Garçons et Guillaume, à table !
Apostille
9

Guill'âme à nu...

Guillaume Gallienne est un acteur que j'apprécie beaucoup. Sa sensibilité à fleur de peau et la justesse des courtes interprétations, masculines ou féminines, qu'il livrait dans sa rubrique sur Canal...

le 26 nov. 2013

65 j'aime

10