Il y a des histoires de tous les jours, histoires de coeur et histoires de cul, d’amis et d’amants, histoires frivoles entre mer bleue et Cisjordanie, insouciance et check-points, religion et peur du terrorisme au quotidien. Lulu, Noam, Yali et les autres vivent ici à Tel Aviv comme dans une bulle : on vend des disques et des savonnettes, on vit en colocation, on va au café, on organise des raves, on milite pour la paix, on tombe amoureux... Les garçons sont beaux, les filles sont belles, il fait chaud, la joie de vivre et la sensualité imprègnent l’air, la ville et toutes les rues.
Et puis il y a ce retour à la réalité soudain, brutal et sanglant et barbare, et parce qu’on n’est pas en France ni à New York, parce que vivre si près, trop près, de la poudrière qu’est le Moyen-Orient a forcément des conséquences tragiques un jour ou l’autre, sur soi ou sur son entourage, et l’ignorer en vivant comme dans un cocon ne peut que favoriser un décalage violent quand les cafés finissent par exploser. Mais pourquoi s’empêcher de vivre "normalement" ? Peut-on parler d’égoïsme ou d’inconscience, de quiétude aveugle dans un monde englué dans une logique de guerres religieuses et de répressions fanatiques à laquelle on s’oppose, à laquelle on ne voudrait pas avoir à faire ?
Ce sont ces choix et ces dilemmes qu’exprime joliment (mais peut-être trop schématiquement) Eytan Fox en questionnant les mentalités sociales et politiques de son pays ; vivre en refusant les conflits adjacents, quitte à les nier, à se protéger en acceptant une certaine superficialité (mais libératrice avant tout). Au-delà de la description d’un contexte politique difficile et tendu, The bubble, tonique et maladroit, léger et grave à la fois, raconte aussi l’amour entre un Juif et un Arabe, amour simple et universel, hors frontières, hors barrages, hors poids des traditions. Partagé entre deux mondes, Ashraf, s’il semble choisir l’amour, finira pourtant par se plier à l’exaltation meurtrière, par vengeance ou par faiblesse peut-être. Son désir est toujours là, même réprouvé par la morale familiale, mais choisissant de le vivre avec Noam dans l’abandon le plus absolu.