ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une caméra aussi délicate...le montage y est sans doute pour beaucoup...je n'y connais rien mais le film est quasi je crois compréhensible SANS dialogues qui sont ici multi-lingues: j'ai repassé des scènes pour (tenter de) comprendre pourquoi elles étaient émotionnellement percutantes et j'ai enfin vu qu'il y a avait parfois un très très léger et hyper lent zoom avant...dont je ne suis pas d'habitude fan ou sensible (car je crois que le zoom me rappelle qu'il y a une machine! que je regarde un film...mon oeil peut pas zoomer...etc. )

Bien sûr les acteurs sont sans doute aussi justes mais ça ne suffit pas toujours , sinon tous les films avec de grands acteurs seraient prenants et efficaces.

Il n'y a je crois aucun vulgarité visuelle dans ce film alors qu'il y a quelques scène de sexe.

C'est surtout un quasi chef d'oeuvre sur le deuil: on est amené à comprendre que cet amant est profondément en deuil, mais il ne l'exprime pas en cabotinant, en comedia del arte mais en continuant quasi robotiquement en apparence de travailler et aider et se rapprocher de la vie de son défunt...on doute un instant que ce défunt l'aimait autant...on avait tort.

Thomas (Tim Kalkhof) mi nounours mi Terminator mais si marmoréen qu'on lui conseillerait bien de prendre 20 minutes au soleil...à l'air d'un roc sur laquelle l'autre molle va se réfugier.

La molle est la veuve du décédé: elle est en train de tenter d'échapper à de pénibles intégristes dont le respect d'un livre religieux et les inventions ultérieures par des machos se faisant concurrence pour paraître encore plus religieux sont COMMUNS à toutes les religions.

Un film commencé au hasard sur UniversCiné car je suis en train de me désabonner de tout (j'ai commencé par OCS)...

mais un film qui m'a fait garder ce service! Pour l'instant.

En écrivant ces mots chiants, me revient la toute simple scène si courte du vestiaire de la piscine où il ouvre et découvre des flip-flops du mort! ...toutes les personnes ayant connu un deuil connaissent l'impact que de putains de toutes simples chaussures vides peuvent faire! Dans les films, ce sont parfois des pantoufles vides à l'entrée, ici, ce sont des connes de tong, un slip de bain et une serviette rouge vif.

La thérapie par le travail et la nourriture est aussi bien abordée...Valérie Lemercier racontait dans un portrait récent qu'il faut faire faire des choses et activités aux dépressifs et endeuillés car elle était convaincue que l'action des mains et création sont toutes aussi efficaces que des pilules: ici, le père de substitution temporaire fait par exemple faire des cookies à un enfant endeuillé, qui n'exprime sa tristesse que par une courte fugue...il réapparait au café de sa mère, l'aidant allemand lui donne alors un chocolat chaud et, le tout sans un seul mot, ils se mettent à décorer des biscuits ensemble...

Une scène de cuisine sans dialogue qui se focalise sur les mains: de grosses mains d'adulte manuel efficaces et des petites d'enfant en apprentissage de la vie et ses douleurs.

Créée

le 6 juin 2024

Critique lue 12 fois

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PierreAmo

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