Foi, courage et enthousiasme.
Toutes les catastrophes finissent toujours par donner naissance à des oeuvres cinématographiques, et après celle du 11 Septembre, c'est au tour du krach de 2008 d'être à l'honneur. Le film documentaire Inside Job, expliquant d'ailleurs les raisons de ce krach, fût récompensé à la dernière cérémonie des Oscars. The Company Men, signé John Wells (pour lequel c'est le premier long-métrage), tente d'apporter sa vision du problème, sous un angle différent.
La compagnie GTX, bien que toujours bénéficiaire, doit restructurer ses effectifs, autrement dit licencier du personnel. Bobby Walker (Ben Affleck), un commercial pourtant excellent, se voit perdre son emploi, et avoir une maigre dédommagement, malgré 12 années de bons et loyaux services. Fier de son cursus, il n'acceptera pas les offres à des salaires inférieurs, ce qui le mettra en difficulté lui et sa famille.
De l'intérieur, Gene McClary (Tommy Lee Jones), le vice-président de GTX, tentera de limiter les licenciements, mais force est de constater que pour maintenir le train de vie du PDG et de ses actionnaires, toute personne est bonne à être renvoyée.
Si Wells réussit à nous servir des dialogues piquants et sonnant toujours juste, il se montre en revanche incapable d'imposer un semblant d'intrigue. Tout est téléphoné, à tel point que l'on sait systématiquement les décisions que vont prendre les protagonistes, et ce même bien avant qu'ils y aient eux-mêmes pensé. Affleck qui refuse la réalité, continuant à entretenir sa Porsche et à jouer au golf comme si de rien n'était, puis qui rejète les offres se montrant toujours en dessous de ses exigences, qui dénigre par fierté un boulot que lui offre son beau-frère, et finalement l'acceptation de la situation. Rien ne surprend, mais l'on se laisse prendre au jeu, nous offrant la vision de différentes personnes licenciées, toutes de conditions et d'âges différents, et donnant un minimum de substance à l'oeuvre. Pour ceux ayant vu Jersey Girl, le rôle d'Affleck aura de légers relents de déjà-vu, puisqu'il lui arrivait dans ce film une dégringolade et remise en question relativement similaire.
Point non négligeable, la distribution. Tout le monde est à la hauteur, que ça soit Ben Affleck en jeune coq prétentieux, Tommy Lee Jones en vieil homme posé qui n'arrive pas à intervenir sur les événements, Chris Cooper en sexagénaire au bout du rouleau, ou encore Kevin Costner, qui bien qu'il n'ait qu'un maigre rôle se montre parfait en beau-frère dur et tendre à la fois. D'ailleurs le film fait bien de s'appeller The Company Men, car la seule femme de l'entreprise, Sally Wilcox (Maria Bello), parait plus être là pour offrir un minimum de plans nichons que pour apporter quoique ce soit.
Bref, The Company Men est une production dans l'ère du temps, soutenue par une distribution de choix, qui même si elle se montre prévisible nous offre une vision de la crise suivant la chute de ceux dont la situation était aisée plutôt que ceux faisant partie de la classe moyenne.
L'oeuvre nous plonge également dans une réflexion sur l'humilité plutôt que de simplement pointer un doigt accusateur, ce qui aurait été trop facile (même si les extraits de flashs infos lors du générique de fin le font), et surtout loin de son but, celui-ci étant davantage de nous montrer les effets plutôt que les causes.
Pour conclure, les amateurs de drames de société devraient apprécier cette oeuvre, malgré ses ficelles un peu usées. Ceux qui en revanche cherchent quelque chose de plus développé sur ce qui a mené à cette crise devront plutôt se rabattre sur Inside Job.
Mention spéciale pour Tommy Lee Jones, parfait dans son rôle, et qui devrait une nouvelle fois amplement satisfaire ses fans.