Certains films sont à voir puis à revoir. Certains films méritent plusieurs visionnages car ils prennent une autre dimension la deuxième fois.
"The constant gardener" se révèle au-delà de l'emblématique tragédie amoureuse qui frappe ce couple. Car au départ on ne fait que suivre les personnages dans la tourmente d'une enquête qui peut sembler sans enjeu véritable. Cependant il devient plus évident que le sujet important reste la lutte et sa vacuité. Chaque personnage semble être prêt à sauver le monde et à retourner chacune des pierres jalonnant le parcours des grandes entreprises sous laquelle se cache un cadavre. Et puis, tous s'aperçoivent que tout perdre pour une cause qui n'aboutira jamais, qui ne pourra être menée qu'au prix de multiples sacrifices est trop lourd à suivre... Alors les personnages se battent. Un peu. Elle, parce qu'elle vient de tout perdre. Lui, un peu plus tard, pour les mêmes raisons. Mener le combat, pour ces personnages, résonne comme une peine de mort acceptée.
Cette adaptation de Le Carré ne cherche pas vraiment à mettre en place une accusation à l'encontre des entreprises pharmaceutiques, la politique étrangère des pays occidentaux ou encore le silence religieux qui accompagne le triptyque argent / maladie / Afrique. Il s'agit avant tout d'une prise de conscience que tout se répète, que la fin touche certains et pas d'autres mais que ce sont les choix et les personnes qui comptent. Un aveu d'égoïsme comme seule source de joie et d'absolution ? Un individualisme conservateur qui aide les bourreaux et les victimes à se complaire dans leur rôle ?