Difficile de défendre ce genre de film.
Déjà parce qu'il est clair que le sujet principal ne s'aborde pas nécessairement lors d'un diner en famille, (la nécrophilie, pensez-donc) et puis parce qu'il faut bien avouer qu'un pitch pareil sans bon le nanard ou... Enfin, voilà... Le côté Freudien voudrait sans doute qu'on se martèle le torse en se traitant de pervers, mais j'aime les bonnes surprises, alors j'assume.
Donc une fois qu'on est rentré dans le vif du sujet, (oups) on ne peut qu'admettre que le film est plutôt efficace, et de manière franchement appréciable; jamais outrancier ni dans l'image ni dans sa trame.
Il me paraît déjà important de le mentionner car à l'heure où fleurissent ces saletés de torture porn, à la fois vulgaires et putassiers, voir un film flirter autant avec le politiquement correct sans jamais tomber dans la surenchère me rassurerait presque sur le genre humain. Enfin, si le mot nécrophilie n'existait pas, bien sur.
"The Corpse of Anna Fritz" est un bon film de genre, à mi-chemin entre le thriller efficace et le petit slasher honnête pour le coup.
Comprenons-nous bien: l'histoire est assez entendue, d'autant que les quatre personnages principaux sont archi-caricaturaux; mais malgré cela le film reste bien interprété et l'ambiance très soignée.
Quiconque a vu ce film me dira probablement que ça ne pète pas bien haut, vu que les twists sont prévisibles et les personnages pas très fins.
Mais disons que ce n'est pas ce qui importe. Ce réalisateur de trente-neuf ans semble coutumier des sujets peu orthodoxes et les traite justement avec énormément de retenue. (non mais regardez son CV sur Linked-in: Naked Russians Girls... https://www.linkedin.com/in/hectorhernandezvicens)
J'ai donc passé un bon moment de ciné en serrant les fesses sur ce qui pourrait presque être un malentendu à la base, et du coup sa touche atypique m'interpelle dans un contexte où le Cinéma s'anémie tout doucement.
Il est enfin intéressant de noter que quelques touches d'humour viennent également détendre volontairement une atmosphère un peu trop lourde parfois, ce qui me fait dire que Hèctor Hernández Vicens garde un contrôle assez fin sur son sujet et sur l'effet délivré au spectateur. J'ai donc hâte de découvrir ses prochains films, surtout s'il continue à traiter ce genre de sujets.
Au final, j'ai soufflé devant de grosses ficelles de narrations ou sur une réalisation trop classique, je l'admet sans difficulté.
Mais s'il est clair que le film n'est pas génial, j'apprécie surtout de pouvoir découvrir un film clairement rafraîchissant dans son script et sa retenue, là où d'autres font vraiment de la merde avec des sujets autrement plus bateau ou une commande à deux cent millions de dollars. Je l'ai dit souvent dans mes critiques, mais le talent se patine et une déferlante de dollars n'est jamais un gage de qualité, loin de là.