Bon, et bien le constat n’est pas si mauvais que ça pour ce remake. Certes, l’histoire est beaucoup moins fine que celle de Romero, qui excellait à montrer la situation du point de vue des militaires, dont la démarche parfaitement logique contre-balançait les parcours classiques des civils en fuite. Ici, on ne s’intéresse à la situation que du point de vue des civils, choix logique pour toucher le public lambda, qu’on pourrait presque dire démagogique. Cependant, le rythme de l’histoire, sa logique (on découvre pour le coup beaucoup plus d’éléments que dans le film de Romero) et son budget lui permettent de réussir sur le plan du spectacle, chose que ne tentait jamais vraiment son prédécesseur (focalisé sur sa reconstitution logique). Si The Crazies contient quelques facilités (j’ai du mal à croire qu’un avion de cette taille se soit crashé dans une rivière aussi étroite), son intrigue est parfaitement fonctionnelle, et quelques séquences arrivent même à être impressionnantes (la séquence dans la laverie pour voiture, dans la morgue). L’ambiance est convaincante surtout après le débarquement des militaires, quand les civils commencent à être rassemblés, et que nos personnages principaux se perdent alors de vue. Les intrigues se multiplient et le suspense augmente, jusqu’à ce qu’ils parviennent à nouveau à se retrouver. Pour le reste, le film ne sort pas tellement des sentiers battus, et évoque la saveur d’un 28 semaines plus tard sans jamais en retrouver la pêche. Pour la contamination, l’ambiance n’est pas très paranoïaque sur le sujet, se contentant de vagues inquiétudes bien vite esquivées par nos héros afin de se concentrer sur leur survie. Vraiment dommage aussi pour le passage où l’on découvre (oh, surprise !) que l’un des membres du groupe est infecté, un fait qui ne fait aucune ambigüité là où Romero se montrait plus réservé et plus efficace sur le domaine. The Crazies a quand même le mérite d’avoir la fin qu’on voulait voir dans le Romero, mais a au passage considérablement simplifié son histoire, sacrifiant au passage une bonne partie du discours sur l’armée (qui n’est ici qu’une force aveugle dont les individus qui la composent peuvent être influencés) à un spectacle parfois impressionnant, parfois maladroit (le couteau planté dans la main qui égorge un contaminé : pas peur du virus, celui là !). Un remake moyen donc, mais qui en l’état n’a pas salopé le boulot.