Une suite pas aussi catastrophique qu'on pouvait le craindre, grâce à un Vincent Perez plutôt touchant dans la reprise du costume de ce fantôme vengeur aux larmes noires qui déchirent son visage (on adore ce maquillage simpliste mais efficace) et à l'histoire quasi-identique au premier (avec un enfant à la place de la femme tuée, ça sera tout pour la différence). Il y a aussi Iggy Pop en méchant (on a été surpris par ce casting), un duel final qui arrache les rétines avec un effet spécial infect, tandis
qu'une foule reste complètement neutre face à un combat mortel qui n'a rien d'une mise en scène (comment peuvent-ils prétendre que les gens pensent à un canular ?
Que personne n'intervienne n'a aucun sens, à moins que le mezcal ait remplacé l'eau lors de ce Dia de Los Muertos...). Le méchant en chef (Judah) est assez charismatique, entouré par plein de femmes peu vêtues (vous reprendrez bien un verre de Judah Nanas ? Oui, on ose), les liens avec les religions pleuvent (on pioche dans les légendes scandinaves du corbeau, dans le Dia de Los Muertos mexicain, dans le christianisme occidental pour tout le reste...) pour nourrir la légende de The Crow, en faisant une histoire plutôt intéressante à suivre. On est néanmoins plus dubitatif sur la grande place que prend le BDSM (les plaisirs lubriques du cuir et de la torture-porno) dans le film, ne sachant pas vraiment ce que cela fiche là (cinq minutes suffisaient, pour concrétiser le mantra "La souffrance est ma force" du méchant, mais au-delà on se demande si le réalisateur n'aurait pas voulu faire un tout autre film...). Le montage est souvent hasardeux, Iggy Pop s'amuse (il joue comme dans un cartoon), on sent que le film a vieilli, mais on ne s'ennuie pas vraiment devant ces 1h25 bien réparties, avec une histoire assez fournie, des camés et des sorcières, un fantôme rock-star qui contrôle les corbeaux (ça, c'est la classe), et un final aussi raté que sincère. Cette suite reprend quasiment la même histoire que le premier film, mais a au moins l'élégance d'étayer "le Pouvoir du Corbeau" et laisse Vincent Perez être une figure dramatique très vite attachante, et Iggy Pop faire le clown (pas noir et blanc).