The Dark Knight ; entre Blockbuster (pas tout public) et héroïque-thriller noir.

Pourquoi thriller ? Car ce genre cherche à provoquer chez le spectateur une certaine tension, voire un sentiment de peur (qu'il doit cependant trouver agréable) à l'idée de ce qui pourrait arriver aux personnages dans la suite du film. Cela se fait souvent par des moyens assez stéréotypés, tel qu’une action soutenue, un héros doté de multiples ressources ; on y use abondamment du suspense souvent des intrigues secondaires qui viennent contrecarrer le développement de la principale. Je pense que le film concorde avec ces caractéristiques. Pourquoi Blockbuster ? Car je cite : le terme blockbuster est utilisé au cinéma pour qualifier les films à gros budgets et à gros revenus, ce sont des productions exceptionnelles sur le plan financier, matériel et humain. Pour 185 000 000 $ de budget, ils ont récolté 1 001 945 358 $, je crois que tout est dit.

Le scénario ? Mais comment peut-on réussir à condenser autant de rebondissements et d’événements dans un seul film ? Il faut demander aux frères Nolan. Ce film est riche en suspens et nous le devons à la trame du récit, qui en réalité ne comporte pas d’intrigue principal. Et c’est là où le film tire une partie de sa richesse, il ne repose pas sur l’histoire mais il repose sur les personnages. C’est l’affrontement continu entre Batman et le Joker qui fournit le mouvement du film. Ce mouvement est nourri de différentes intrigues secondaires supporté par les personnages secondaires qui deviendront tout aussi important que les deux héros. En réalité c’est le Joker qui mène le film.

Nouveau volet de la trilogie, nouvelle ambiance. Dans le premier l’ambiance semi-fantastique et teinté de jaune-orangé laisse place dans The Dark Knight à une ambiance bleu sombre ancré dans un Gotham tellement réel que cela en devient angoissant. On est limite choqué par la vraisemblance de ce second opus, qui nous emmène dans les plus bas-fonds de Gotham qu’on redécouvre par rapport à Batman Begins avec de nouveaux quartiers , de nouveaux paysages et décors qui enrichissent encore plus le monde Batman.

Je tiens en particulier à souligner l’importance primordiale des personnages dans ce film. Car bien que le film repose sur de nombreux rouages, la richesse des personnages et leur complexité donne une certaine qualité théâtrale au film. Le réalisateur aura su se doter de superbes acteurs comme Heath Ledger. Aaron Eckhart, Morgan Freeman, Maggie Gyllenhaal, Michael Caine, Gary Oldman complètent entre autre ce magnifique casting où chacun a réellement sa place. Il n’y a pas de débordement, intervient encore une fois le travail de Christopher qui gère ses acteurs admirablement.

Heath Ledger doit jouer un personnage extrêmement complexe car il répond parfaitement aux critères du psychopathe, pas étonnant vous allez me dire, mais en réalité son personnage est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. Car il doit jouer un personnage totalement conscient de sa folie mais pense qu'il ne peut rien y faire, de plus sa personnalité change de jour en jour, car il doit se réinventer sans cesse pour se retrouver dans le monde où il vit. On le voit très bien dans les différentes scènes où il réinvente une explication sur l’origine de ses cicatrices. Heath Ledger arrive avec brio à montrer ,tout en cachant les différentes facettes de ce personnage, qu’il posséde un goût prononcé pour l'improvisation amenant le chaos et le risque, de plus son irrésistible envie de retourner les gens contre eux, et le fait qu'il n'éprouve aucune peur de souffrir ou de mourir renforce les traits de sa folie parfaitement interpréter par une des meilleures prestations du cinéma.
L’inspecteur Gordon reste inspecteur, il ne cherche jamais à savoir qui est réellement Batman. Toujours à se soucier entièrement de la sécurité de Gotham, prêt à mourir pour elle. C’est là où je trouve que la prestation de Gary est vraiment fabuleuse car il est imprégné du rôle, il ne sort jamais du rôle jusqu’à refuser la décision de Batman de charger seul dans la dernière scène.
Michael Caine alias Alfred est tout aussi parfait sans jamais sortir de ses traits, il est là pour aider Bruce mais il est aussi présent en tant que père porteur de conseils même si il sait qu’il ne sera jamais totalement écouter.
Morgan Freeman ou Mr Fox est présent que par intermittence mais c’est la place de son rôle car même si c’est un ami proche de Bruce et qu’il ne dit jamais directement qu’il aide Batman, il accepte de moins en moins ces méthodes qu’il trouve immorales. Cela ne plait plus au dirigeant de Wayne Enterprise d’utiliser les gens innocents même si c’est de manière indirect afin d’arrêter le Joker, car Batman tombe dans le jeu du Joker en pratiquant les mêmes méthodes certes le but est différent mais reste contraire aux principes de Fox qu’on décèle parfaitement dans l’interprétation de M. Freeman.
Le chevalier Blanc camper par un très bon Aaron Eckhart subit une réelle évolution tout le long du film. Au début il est en plein gloire et réussite, il parvient enfin à faire de Gotham une ville sûr, mais il surestime les moyens, et va jusqu’à prendre des décisions à la limite de la légalité. Mais sa soif de vider Gotham de ses truands et d’apporter la sécurité vont l’amener à prendre une certaine distance avec le chevalier noir qu’il considère comme un faux justicier même si il reconnait qu’il n’a pas le choix. Le joker va trouver son point faible et il va comprendre pourquoi Batman se cache derrière un masque. En effet la seule personne qui comptait pour lui va se faire attraper par les griffes du Joker. Il sombre alors grâce à l’aide de Red Hood (Le joker) de l’autre côté du mur qu’il a toujours combattu, et va perdre toute raison et c’est là où Aaron prouve qu’il a l’étoffe de jouer de bons rôles.
Ex-copine de Bruce Wayne dans le passé, compagne d’Harvey Dent dans ce film, elle est tiraillée entre ces deux hommes. Les deux donnent trop pour Gotham, néanmoins un seul est réellement présent pour elle mais c’est l’autre qu’elle aime. Elle attend que Bruce en finisse avec son double personnage, mais elle doute encore de son choix. Elle prend finalement une décision mais il est trop tard, le joker décide d’en faire une victime pour retourner contre Gotham son meilleur allié, la justice personnifié par Harvey. Elle devient alors impartiale. Maggie joue très bien ce rôle qui essaye de contrôler les deux hommes tout en le montrant qu’ils apportent trop d’intérêt à leur personnage de héros, et ça va l’amener à sa perte que l’on peut voir comme un sacrifice.

Mais dans toutes ces interprétations qui me paraissent tellement juste voir de haute voltige pour certaines, il y en a une sur laquelle j’apporterais un bémol, qui est celle de Batman.
Certes le double rôle de Bruce Wayne-Batman est tout aussi complexe que celui du Joker, mais pour la prestation de ce personnage je trouve qu’il y a un certain manque d’engouement. Je dois reconnaître que jouer Batman sous un masque est dur, on voit très peu les traits (faciales) du héros, et même si la tonalité de la voix permet d’offrir des couleurs, il manque quelque chose, car au final, Batman apparait comme on voudrait qu’il apparaisse, et donc un peu trop sobre. Tous les actes qu’il fait durant le film, nous souhaitons qu’il le fasse, même si par moment on le trouve un peu trop gentil, il ne nous étonne pas. Et ceci est encore pire avec Bruce Wayne. Dans le dernier volet le personnage apparait plus complet et tiraillé, à l’inverse dans The Dark Knight il manque ce petit plus. Le deuxième opus était propice à apportait un réel affrontement entre Batman et Bruce Wayne mais nous ne le voyant qu’au travers du rôle de M. Gyllenhaal. Pourtant tout s’effondre, la justice avec Harvey, la police avec les trahisons des agents comme Ramirez, le seul amour de Batman, et le chaos s’installe. Au lieu de voir un héros perdu, on découvre tout simplement un Batman qui est certes chamboulé mais qui réussit toujours et un peu trop. Bruce Wayne est bien joué, il n’y a pas de doute, mais on aurait aimé un peu plus de complexité que l’on trouvera uniquement dans The Dark Knight : Rises.
Encore une fois on peut voir dans la complexité des personnages que Christopher a su bien gérer le film, il a su les contrôler. Cela prouve bien que ce film est bien plus qu’un affrontement entre un gentil et un méchant. La présence d’autant de personnages secondaires renforce le côté tragique du film.

Encore Hans Zimmer et James Newton Howard ? Ce n’est pas que je ne les aime pas bien au contraire, mais c’est que souvent dans une trilogie, on recopie les musiques des précédents volets, mais là, la collaboration avec James Newton Howard nous a donné une des plus belles et originales BO de ces 10 dernières années. En plus de donner un fond sonore au film, elle fournit une ambiance plus qu’envoutante. Elle accompagne totalement certaines scènes, imprègne les personnages dans leurs moments d’évasion, et donne à ce film la preuve que Christopher Nolan arrive à exploiter parfaitement toutes les ficelles d’un bon film.

Car en effet la complexité de ce film tient dans la richesse des personnages, mais aussi dans une ambiance à faire tenir et donc dans la recherche d’une excellente photographie et mise en scène enrichie d’une musique adéquate. C’est là qu’intervient le génie de Mr Nolan, il arrive parfaitement à gérer tous ces facteurs propices aux bons films.

Je ne pense pas qu’il y ait de réels critères pour désigner un chef-d’œuvre mais je pense que pour ce film tout est réunis pour qu’il en soit un.

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le 25 avr. 2013

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Capa

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