L'Ange Noir
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Et si le film post-11 Septembre le plus emblématique était The Dark Knight? Ça vous semble exagéré? Pourtant, vous en trouverez peu qui l'évoquent aussi frontalement sans le citer. Et pas besoin de chercher plus loin que son affiche pour débuter. Christopher Nolan place son héros au plus près de la réalité, là où la plupart des autres se dérobent. Cet endroit où on questionne la légitimité de son action, et où le revers de la médaille se mesure à l'aune de ses conséquences. D'une noirceur peu commune, le deuxième volet de cette nouvelle trilogie impressionne autant par le fond que la forme.
Relié à son prédécesseur (Batman Begins), The Dark Knight prend son indépendance dès les premières minutes. L'influence de Blade Runner irriguant Begins laisse la place à une ambiance évoquant distinctement le Heat de Michael Mann. Comme de juste, la question identitaire qui parcourait le premier opus est ici remplacée par une dualité morale qui hante le(s) personnage(s). L'occasion rêvée pour passer ausculter le Chevalier Noir et son monde. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne vont pas être ménagé. Comment en est-on arrivé là? Il suffit parfois d'un homme. D'un mal anonyme qui va vite se faire un nom : le Joker.
Véritable antithèse de Batman, il est celui qui ménage ses apparitions pour les rendre décisives. Déstabilisant ses adversaires, poussant la société dans ses retranchements, son ascension est aussi inexorable qu'irrésistible. Il échappe à ses obscures origines pour devenir l'incarnation d'une folie qui corrompt et détruit ce qui l'environne. Dans ce jeu de la mort dont il relance sans cesse la partie, ses adversaires devront affronter leurs propres limites, avec le risque de remporter une victoire empoisonnée.
C'est peu dire que Heath Ledger dépasse toutes les espérances avec ce Joker. Il propose une réinvention du personnage, à la fois fidèle et parfaitement synchrone avec l'univers résolument réaliste de Christopher Nolan. Son Joker est un psychopathe aussi sadique que manipulateur, et sa présence est si glaçante qu'il hante même les moments où il n'apparaît pas. La performance de Ledger est absolument inoubliable et devrait voir son Joker entrer dans la liste des plus grands méchants de l'Histoire du cinéma.
On aurait pu craindre que sa performance éclipse totalement tout le reste du casting, mais ce n'est pas le cas. Christian Bale est toujours parfait dans le(s) costume(s) du fiévreux Bruce Wayne/ Batman. Aaron Eckhart se fait une belle place, composant un Harvey Dent/ Double-Face humain et complexe. Il est la figure centrale du film, le reflet de cette contamination du mal initié par le Joker. Mais également le jumeau tragique d'un Batman perdu sur le chemin de l'extrémisme. Gordon serait donc le seul vrai héros de The Dark Knight? Probablement, le seul à combattre le mal tout en arrivant à ne pas y succomber. De retour dans ce rôle, Gary Oldman est toujours aussi épatant de justesse. Enfin, dans le rôle de Rachel, Maggie Gyllenhaal remplace Katie Holmes. Et c'est plutôt une bonne nouvelle, car elle livre une composition juste là où sa prédécesseure était quelque peu fade.
De son côté, la réalisateur Christopher Nolan confirme son sens du rythme imparable et une capacité incroyable à faire monter la tension par la simple force de son montage. Si vous êtes surpris quand je vous dis que la meilleure séquence du film est un dialogue en milieu de film, c'est que vous ne réalisez pas combien une scène d'interrogatoire peut être jouissive. Pour autant, les scènes d'action n'ont rien à se reprocher. En nette amélioration par rapport à Batman Begins, certaines sont même époustouflantes. L'introduction évidemment (démente), mais également les divers attentats du Joker ou la course-poursuite bénéficient d'une mise en scène limpide, minimisant l'outil numérique au profit d'une efficacité brute. Hans Zimmer et James Newton Howard, de nouveau en équipe pour la bande originale, ont de nouveau concocté un petit bijou, parsemé de pépites (le thème du Joker, par exemple). À l'image de ses personnages principaux, The Dark Knight échappe à son statut pour s'élever bien au delà de ce qu'on était en droit d'espérer. Aussi électrisant pour le cœur que le cerveau, le film propose un électrochoc salutaire à un genre qui n'a que trop rarement brillé pour son audace. Christopher Nolan lui offre le prestige d'une œuvre de premier ordre et l'autorité d'un modèle pour les années à venir. Oui, Batman a des choses à dire sur le terrorisme, le Patriot Act ou Guantanamo. Et des discours aussi exaltants, on en a que trop rarement. Je pourrais dire que TDK est surement ce qui arrivé de mieux dans le domaine de films de super-héros, mais ce serait insuffisant. TDK est tout simplement l'un des meilleurs films que j'ai vu ces dernières années.
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Créée
le 25 juil. 2019
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