De retour aux manettes de la franchise trois ans après, Christopher Nolan surpasse son excellent « Batman Begins » et, plus qu’un simple blockbuster estival, nous donne à voir avec « The Dark Knight » un formidable polar à la « Heat », mais avec des freaks, du grand spectacle intelligent et captivant, doté d’un script exceptionnel, complexe, mais limpide, et d’une richesse incroyable car le film raconte beaucoup de choses, brasse de nombreux personnages, mais tout ça sans perdre le spectateur un seul instant : c’est sombre, c’est tragique, et c’est prenant, très surprenant.

Christian Bale reprend son rôle à la perfection, Gary Oldman prend de l’importance en Jim Gordon, mais les nouveaux venus tirent fatalement la couverture à eux, avec Aaron Eckhart qui endosse avec brio le rôle de Harvey Dent, et l’évolution du personnage par la suite, et bien sans rien dévoiler disons juste qu’on est aux antipodes du Tommy Lee Jones de « Batman Forever ». Maggie Gyllenhaal prend sans problème le relais de Katie Holmes (même si je n’avais rien contre elle, il faut avouer que sa remplaçante s’avère moins glamour, plus crédible, plus ancrée dans le réel), les seconds rôles sont finement choisis (Eric Roberts en Sal Maroni ; l’emploi de William Fichtner pour le braquage de la séquence d’introduction afin d’appuyer le clin d’œil à Michael Mann), et quant à feu Heath Ledger, il est carrément génial, il EST le Joker, dans toute sa folie et sa théâtralité (aaah, le crayon !), une composition époustouflante et jouissive, un sourire glauque qui déverse des punchlines de choc, un psychopathe sadique et cruel qui ne respecte rien ni personne, incontrôlable, insaisissable, effrayant, hilarant, ah ça il est vraiment taré ce sale petit enculé, le Joker c'est un peu le Tyler Durden de Batman, et d’ailleurs son programme c’est le Projet Chaos, et ça y a pas à dire, Gotham City morfle bien face aux méfaits du clown terroriste, et ses petits jeux sont particulièrement inventifs et atrocement divertissants.

Techniquement, c’est un sans-faute. La mise en scène témoigne d’une impeccable maîtrise. Les scènes d’action s’avèrent haletantes : lisibles et jamais gratuites, elles font progresser l’intrigue. La musique est mieux mise en avant par rapport au premier opus et j’ai notamment beaucoup aimé le thème du Joker, une musique oppressante, un vrombissement inquiétant qui laisse présager que de bien vilaines choses vont arriver, un peu comme si un avion allait s’écraser, le spectre du 11-Septembre hantant le film comme il se doit. On pense également à la série « Sur écoute », le Joker ayant notamment des points de ressemblance avec Omar Little (une cicatrice sur la tronche et une propension à braquer les méchants), mais aussi parce que le film offre à voir comment interagissent les différents services d’une grande cité : police, mairie, justice. Sinon, j’ai trouvé qu’il y avait plus d’émotions que dans le premier volet : les méfaits du Joker font rire, répulsent, attristent, et toute la fin est assez chargée et poignante, tous les personnages se retrouvant face de lourds dilemmes moraux.

Accumulant succès public et critique, « The Dark Knight » s’inscrit comme un blockbuster sans concessions, très noir et torturé, et restera tout simplement le meilleur film de l’année 2008 : un chef-d’œuvre.
X-Ben
10

Créée

le 27 juil. 2012

Modifiée

le 29 juil. 2012

Critique lue 384 fois

X-Ben

Écrit par

Critique lue 384 fois

D'autres avis sur The Dark Knight - Le Chevalier noir

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Hypérion
8

Un Joker au panthéon, un Batman de grande envergure

Pas encore remis de son dernier opus The Dark Knight Rises qui me fait encore trembler de rage mal contenue en y repensant, j'ai pris le risque de revoir son illustre prédécesseur, histoire de...

le 21 août 2012

100 j'aime

22

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Sergent_Pepper
9

« Je suis une farce qui va »

Plus d’une décennie après sa sortie, et le triomphe presque sans partage des super-héros sur le box-office mondial du blockbuster, The Dark Knight reste une exception à plus d’un titre. Pour peu...

le 28 mars 2020

87 j'aime

9

Du même critique

Banshee
X-Ben
6

Le shérif sort de prison

Tout d’abord, « Banshee » est la première série produite par Cinemax que je vois, cet ensemble de chaînes faisant partie du groupe HBO et dont la ligne éditoriale semble en découler, c’est-à-dire...

le 19 mars 2013

14 j'aime

Effets secondaires
X-Ben
5

Sexe, Mensonges et Pharmaco

Vu en avant-première, en présence de Steven Soderbegh et Jude Law. Au début, j’ai pensé que Soderbergh et son scénariste Scott Z. Burns, déjà à l’œuvre sur « Contagion », avaient eu le nez creux de...

le 8 mars 2013

9 j'aime

1

Douze Hommes en colère
X-Ben
9

Les Raisons de la colère

Il était temps pour moi de voir enfin cette œuvre renommée qui truste les cîmes des podiums de SensCritique et de l’IMDb. J’ai apprécié de nombreux films de Sidney Lumet, mais celui-ci m’avait...

le 30 juil. 2012

7 j'aime