Fan inconditionnel du personnage Batman depuis tout petit, j'apprécie toujours ce héros, qui est un des seuls personnages de comics-like à ne pas posséder de super-pouvoirs. C'est un homme et, à l'origine, il semble si tourmenté qu'il choisit la voie nocturne et renonce à exister autrement. Car Bruce Wayne n'est qu'une façade qui a disparu depuis longtemps, et seule son apparence riche et enjôleuse lui permet de dissimuler au monde ce qu'il est vraiment. Un Guerrier de l'Ombre. Un Dark Knight. Nous y voilà.

Christopher Nolan m'avait émerveillé avec Batman Begins, non pas que le film était extraordinaire bien que très sympathique, mais parce que, enfin, quelqu'un prend le relai de Tim Burton -dans un style certes très différent- pour transposer avec brio la légende du Chevalier Noir dans un monde contemporain. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après les épisodes ridicules qui ont suivis les 2 Tim Burton, ce Batman revisité par Nolan m'a donné du baume au coeur. Enfin, les gamins ne seront pas les seuls à aimer voir un film sur Batman ! Pari réussi pour Batman Begins, et The Dark Knight avait la lourde responsabilité de succéder plus qu'honorablement au premier épisode d'une trilogie.

Dark Knight fait bien plus que ça. Sombre, profond et dur, ce Batman nous plonge dans une sorte de violente torpeur psychologique. Finies les scènes enfantines, la violence transpire tout au long du film, au moyen de plans et d'une bande-son perturbante et pourtant immersive. Nolan a souhaité nous plonger dans l'ambiance nauséeuse qu'il a voulu donner dans cet épisode aux airs de pré-rédemption, et il y parvient parfaitement. Le casting n'y est pas étranger non plus. On retrouve un excellent Christian Bale en Bruce / Batman, un très bon Aaron Eckhart, Maggie Gwyllenhaal remplace sobrement l'étrange Katie Holmes, Monsieur Freeman est là et bien là, et Gary Oldman est excellent, comme d'habitude. Mais surtout, un impressionnant et très regretté, en ce qui me concerne, Heath Ledger. Je l'avais découvert dans "A knight's tale", ou "Chevalier", et depuis, je l'ai toujours trouvé bon, peu importe le genre de film dans lequel il jouait. Il aurait pu devenir très grand, mais bon, c'est un autre débat.

Toujours est-il que, après le méconnu des néophytes Ra's al Ghul, l'éternel ennemi de Batman qui est en fait son pendant mauvais, vient ici encadrer l'univers de ce 2ème volume de la saga de Nolan : le Joker. Bien que totalement différents, d'étranges points communs subsistent entre le Joker et Batman, et leur "relation" dans The Dark Knight est fort intéressante. Heath Ledger est magistral dans ce rôle de Joker imaginé par Nolan, et égale largement, dans un style bien différent, l'excellente performance de Jack Nicholson dans le même rôle dirigé par Tim Burton. Vous l'avez compris, le Joker, qui a la part belle dans cet épisode, est pour beaucoup dans la réussite de ce deuxième film de la trilogie Nolan. Véritable psychopathe à l'intelligence et au vice insolitement développés, il est effrayant de noirceur morale, complètement déjanté, tout en restant paradoxalement plutôt rationnel, en un sens. Charismatique au possible, ce Joker est sans doute le meilleur ennemi que Batman ne connaitra jamais, et, plus généralement, un des méchants de films les plus déstabilisants et incompréhensibles qui n'aient jamais été imaginés.

The Dark Knight est profondément marqué par la déchéance, ou comment chaque Homme, même celui parmi les meilleurs, a son propre point de rupture, et que n'importe qui peut basculer dans la démence et le désespoir. Déchéance de l'Homme, déchéance du héros, qui n'est finalement qu'un Homme plus fort que la moyenne, mais l'espoir, toutefois, qui subsiste toujours, même s'il ne tient qu'en une faible étincelle. Tout au long du film, des sentiments constamment en opposition nous tiennent en haleine.

Ainsi, The Dark Knight est une franche réussite, en cela que n'importe quel public, n'importe quelle tranche d'âge, pourra trouver satisfaction ici. Et pour ceux qui adorent le personnage de Batman, ce film est là pour les raccrocher encore plus au Chevalier Noir, rappelant ici qu'il demeure intemporel, car l'Homme aura toujours une part sombre enfouie au fond de son âme. Et il peut arriver à n'importe qui de la laisser jaillir et prendre le dessus. Mais Batman, lui, grâce à son identité protectrice, Bruce Wayne, parvient toujours à rester du bon côté du fin fil de la démence et de la corruption. Conclusion de la trilogie cette année avec The Dark Knight Rises.

Créée

le 9 févr. 2012

Modifiée

le 10 août 2012

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Taurusel

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