Après « X-Men, le commencement », « Avengers », « The Amazing Spider-Man », voire même ma critique de la BD « Watchmen », je vais conclure ma période super-héros avec « The Dark Knight Rises » sur lequel je pouvais difficilement me taire quand j’ai remarqué que les notes de mes éclaireurs dépassaient difficilement la moyenne. Si le film a ses défauts, il convient d’aller quelque peu à contre-courant pour réhabiliter un film qui le mérite.
En 2005, le réalisateur britannique Christopher Nolan relançait la franchise Batman au cinéma avec « Batman Begins » qui relatait les origines du chevalier noir. Avec brio, il parvint à effacer le douloureux souvenir des films de Joel Schumacher (1995 et 1997) pour renouer avec l’ambiance sombre des films de Tim Burton (1989 et 1992) en y apportant toute l’ingéniosité numérique et technologique propre au XXIe siècle.
En 2008, Christopher Nolan sortait « The Dark Knight », la suite attendue du premier opus où le personnage du Joker, le plus symbolique ennemi de Batman, faisait son apparition. Là où « Batman Begins » était encore coincé dans des stéréotypes de blockbuster de super-héros, « The Dark Knight » balaya tous les codes du genre pour livrer une œuvre totale, aboutie et fascinante, marquée par l’impressionnante prestation d’Heath Ledger qui rejoignait un certain Norman Bates au panthéon des plus grands psychotiques du septième art.
Cette année, le réalisateur britannique vient de conclure sa trilogie avec « The Dark Knight Rises ». Pour ce troisième opus, l’ennemi de Batman est Bane, terroriste musclé portant en permanence un masque respiratoire et animé par une soif de vengeance. Si comme dans les comics, notamment la saga « Knightfall », Nolan tente de faire un Bane doté d’une véritable intelligence sous cette masse de muscles, le personnage tient difficilement la comparaison face au Joker, personnage bien plus fin, subtil et complexe dans sa structure mentale. De plus, si Tom Hardy ne démérite pas, il ne peut concurrencer la performance d’Heath Ledger avec un masque qui lui cache la moitié du visage et lui transforme la voix.
La puissance de « The Dark Knight Rises » est plutôt à chercher de son côté grand spectacle plus que réussi. Les deux heures et quarante-cinq minutes défilent à une vitesse folle, il n’y a aucun temps mort et plusieurs scènes marquent la rétine pour plusieurs jours : l’effondrement du stade pour ne citer que celle-là. Si Hans Zimmer se répète dans ses partitions, il n’empêche qu’il vient une nouvelle fois souligner musicalement le souffle épique visuel et narratif du film.
Si Bane n’impressionne pas autant qu’il aurait dû, il faut tout de même mentionner les autres valeurs ajoutées du film sublimées par un casting irréprochable : Anne Hathaway incarne une sublime Catwoman tandis que Joseph Gordon-Levitt incarne un futur Robin qui lui sied à merveille. Christian Bale, Morgan Freeman, Gary Oldman et l’immense sir Michael Caine sont une nouvelle fois impeccables. Les scènes entre Bruce et Alfred, servies par d’impeccables dialogues, sont d’une intensité dramatique rare et sont pour moi le sommet du film. Je me tairais sur la prestation de Marion Cotillard, pourtant honnête tout au long du film, mais qui ne pourra que réalimenter toutes les critiques à son encontre pour sa dernière scène. Je me demande encore comment Christopher Nolan a pu laisser passer cela sur le tournage ou dans la salle de montage !
Épique, le chevalier noir version Nolan vient de tirer sa révérence avec succès. Si le film replonge dans les travers du blockbuster industriel de « Batman Begins », il n’empêche qu’on passe un agréable moment dont on aurait aimé qu’il dure plus longtemps pour développer les personnages de Catwoman ou de Robin. Sans doute une prochaine fois mais avec un autre réalisateur. Dans tous les cas, je souhaite bonne chance au successeur de Nolan tant le style de ce dernier reste désormais intimement lié à l’univers cinématographique de Batman.