Ainsi se conclut la trilogie nolanienne du Batman. Après un premier opus maladroit, mais qui restait encourageant, un deuxième volet bien plus abouti qui corrigeait les défauts de son prédécesseur et nous offrait l’un des méchants les plus brillamment développé et interprété du cinéma, voici donc cette conclusion qui n’est pas juste un film raté, mais un film détestable dans son message.
Je ne vais pas m’appesantir sur les défauts formels du film, entre la pathologique incapacité de Christopher NOLAN à mettre en scène l’action, les personnages incomplets qui n’ont d’autres rôles que ceux de faire valoir, sous exploités et auxquels on ne s’attache pas, les gros problèmes de rythmes dus à un scénario plus que bancal et à une durée excessive qui finit par confiner à l’ennui, les prestations plus que moyenne de Marion COTILLARD mais aussi de Tom HARDY qui campe un adversaire dont la carrure impressionnante ne parvient jamais à compenser le manque d’envergure, des idées mal développées, un final attendu et fainéant, je pense que tout a été dit avec raison,
Mais si ce film n’avait été que raté, j’aurais pu m’efforcer d’y trouver quelques points positifs pour le sauver, or il est pour moi détestable dans son propos. C’est un film de propagande à la gloire de la droite américaine, c’est un film qui nous dit que les idéaux révolutionnaires et les idéaux anti capitalistes ne sont que des utopies portées par des sociopathes qui ne visent qu’à détruire le dogme libéral érigé en quasi religion par les États Unis. On nous y explique qu’à la justice et à l’égalité il est préférable de préférer l’ordre et la morale. C’est un film qui multiplie les clichés plus ou moins subtils contre le socialisme, et qui finit même par un populisme nauséabond, qui veut dire que derrière la police et ses actions de bravoures pour sauver l’impérialisme capitaliste se trouve en fait le bon peuple. On est à la limite du film qui opposait les méchants soviétiques aux gentils américains qui parsemaient le cinéma hollywoodien durant la guerre froide. Un exemple ? Qui a conçu la bombe ? Un russe du nom de Pavel.
Batman y apparaît comme affaibli, presque pathétique, et sa vulnérabilité traduit d’avantage la peur viscérale qu’a la droite américaine à remettre en question ses valeurs libérales, qu’une réelle prise de conscience des limites de cette pensée. Il m’évoque ce positionnement idéologique et propagandiste qui avait été celui de la dictature de Pinochet au Chili, qui lors de la campagne pour le référendum qui en 1988 posait la question au peuple chilien du maintien du pantin de l’Amérique au pouvoir avait détourné les messages d’espoir de l’opposition pour tenter d’en faire des sources de peurs, un fait historique fort bien décrit dans le film « No » de Pablo LARRAÍN.
Un bien triste façon de conclure une trilogie qui méritait mieux, une insulte à l’univers du Batman, qui a la différence des super héros créés pour la propagande américaine à l’instar de Captain America, ne sombrait pas dans un moralisme manichéen et aux relents puritains et racistes hérités du Mayflower.