Qui qu'a éteint la lumière ?
La planète bleue en attire plus d'un. Quand il ne s'agit pas de raisons vindicatives liées à une sorte de xénophobie mêlée à du sadisme interplanétaire, les charmants hommes verts (ou qu'importe leur couleur) viennent raquetter nos précieuses petites ressources, sous-entendue, introuvable dans tout le reste du cosmos, il en va de soi. Du coup, on se rend compte tardivement que, nombrilistes que nous sommes, nous ne constituons aucunement une menace mais plutôt des obstacles futiles que les méchants pas beaux du film de Chris Gorak viennent balayer d'un coup de flash et lasso lumineux. Pouf.
Pourquoi imaginer la chose différemment quand l'on voit l'évident clivage qui se crée dans un public moyen ? Un film d'extraterrestre se doit d'être aussi cliché et dérisoire qu'un film de Zombie, avec un degré moins élevé malgré tout. Oui parce que, à part dans certaines peuplades tribales, un homme en mangeant un autre est plus loufoque que l'apparition de vie extraterrestre. L'écriture d'une histoire de ce genre se fait toujours de la même manière, on le sait, on subit et on vient encore se plaindre. Un peu comme un hamburger tout gras... On admet les risques mais on en mange malgré tout.
The Darkest Hour est un titre plutôt bien choisi puisqu'il désigne, à la fois, l'heure supposée la plus sombre de l'histoire humaine mais aussi la nécessité d'obscurité et de non-consommation énergétique pour assurer la vie d'une poignée d'humanoïdes. Et au lieu de venir pleurnicher sur ce long-métrage, il serait bon de mettre à avant ses quelques originalités : oui, et je l'assume, faisons le trajet inverse. Tout d'abord, la menace ultime du film de Gorak se déplace dans une sorte de camouflage sous forme d'halo lumineux orange qui n'est visible que lorsqu'il montre sa présence par l'intermédiaire de luminaires. Pour le coup, les adolescents-survivants du film décident d'éviter le jour. Ils s'ornent d'ampoule en guise de collier et cela semble être plutôt efficace. Certains crient au scandale mais l'invisibilité des ennemis permet d'accentuer la pression, quelle qu'elle soit, du film et permet également de ne pas nous exploser la rétine comme le ferait un certain Michael Bay, pour ne citer que lui. Du coup, 80% des effets spéciaux du film sont composés de subterfuges techniques qui restent généralement assez crédibles. Aussi, la disparition... que dis-je, la désintégration intégrale des victimes accentue la pression et amène une sorte d'injustice et de frustration du spectateur de par ces personnages qu'on pensait suivre un temps soit peu, alors que paradoxalement le film n'arrive cependant pas plus que ça à vous en faire nous attacher, disparaissent de façon complètement ridicule. Problème de rythme, d'un côté, gestion de surprises gérées par le réalisateur ? À vous de vous faire votre idée. Sur le plan « humain », les superflus se retrouvent rapidement hors course. Ici, la planète Terre – souvent qualifiée de Planète « USA » dans les films du genre – a une certaine cohérence puisque les E.T. n'ont heureusement pas comme unique obsession des constructions américaines comme la Maison Blanche ou le Capitole de Washington. On s'aperçoit qu'il s'agit juste d'une petite décentralisation du nombrilisme américain en direction de la Russie. On retrouve donc le summum du cliché... mais un peu moins cliché que d'habitude, voyez ?
Du côté des trucs nazes, et bien sûr, vous vous en douterez, The Darkest Hour en est bourré. On se retrouve, du moins, de mon expérience, face à la ridicule 3D passive qui nous oblige à nous déguiser inutilement en Woody Allen avec ses lunettes grotesques qui ne servent déjà à rien lorsque la troisième dimension est dite active... Une énième aberration... Ensuite, en français, le héros, Sean (Emile Hirsh) se fait doubler par Emmanuel Curtil (Matthew Perry et surtout Jim Carrey) et sa performance est clairement surjouée, pire que d'habitude. Oui, oui. On est rassuré aussi de voir que le background en carton ne sert toujours pas à grand-chose dans ce genre de film. Le début, avec ses apparences « bling-bling », quelques morceaux commerciaux qui invitent quiconque à se fourrer les doigts dans la gorge, est complètement inutile. Terminons par cette incohérence grossière : les vitres semblent être un des seuls boucliers – hors une boite de Faraday rafistolée par un soi-disant électronicien un peu farfelu – mais une séquence du film dément entièrement cette logique semblant implacable.
Malgré ces quelques incohérences grotesques et des personnages dont on peine à s'attacher, l'idée d'invisibilité des ennemis (Predator ?) est plutôt intéressante et justifie une certaine ingéniosité sur le plan technique. Le thème est vu, archi-vu, mais est-ce vraiment différent avec l'univers des zombies ? On peut changer les techniques de caméra ou changer la cause d'une invasion : l'issue est souvent courue d'avance. Notons à cela des échanges particulièrement creux entre les personnages et une fin, bien que remplie d'espoir, un peu en décalage avec une scène en trop un peu ridicule : attention l'armada du survivants surentrainé va vous botter les fesses !!