The Deliverance
4.2
The Deliverance

Film de Lee Daniels (2024)

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Quel dommage que le nouveau film de Lee Daniels se termine par un dernier acte de la sorte... Pas qu’il soit véritablement raté (quoique...) mais il dénote totalement avec les partis pris choisis auparavant. Le réalisateur de la tragédie « Precious » ou de la biographie « Le Majordome » signe ici un drame fantastique et horrifique changeant un petit peu des contextes réalistes ou historiques qui ont fait son succès. Il a cependant beaucoup de mal à marier les genres avec ce premier long-métrage de plateforme, en l’occurrence pour Netflix, qui aime à s’accaparer des auteurs et des cinéastes indépendants dans le but de se donner une caution plus prestigieuse pour le meilleur (« Marriage Story » de Noah Baumbach) mais aussi le pire (l’horrible « Je veux juste en finir » de Charlie Kaufman). Avec « The Deliverance » on est plutôt dans le haut du panier de la firme au N rouge quand même mais il est clair que si le versant drame familial se baignant dans le surnaturel est parfaitement maîtrisé et augure du meilleur, dès lors que l’horreur pure pointe le bout de son nez, c’est la bérézina. Ce mélange de film indépendant certifié prestige et de film de genre n’est donc pas le meilleur film de son auteur même s’il s’en est fallu de peu pour que ce soit une belle petite réussite.


C’est donc sur la ligne finale que tout part à vau-l’eau. Ou que le film prend une tonalité qui ne lui va pas et annihile presque tout le bon qu’il nous a été donné de voir l’heure précédente. Daniels semble ne pas savoir quoi faire du cahier des charges horrifique de son sujet et part dans un grand-guignol certes impressionnant (maquillages et effets plutôt réussis) mais qui tourne presque au ridicule et au hors sujet pour dire de satisfaire vraisemblablement les afficionados de gore et de démons de la plateforme. En effet, la rupture de ton avec le reste du long-métrage est bien trop brusque et mal amenée et ce genre de séquence mêlant exorcisme et possession a déjà été bien trop vu sur les écrans, notamment récemment. Et souvent en mieux, même si les maquillages et les effets sont tout à fait honorables et procurent quelques frissons modérés. Alors certes, c’était un peu le sujet du film, censé être inspiré de faits réels, mais il y avait tellement de manière différente de boucler son film quand on le débute sur un mode sensible et minimaliste comme il l’a fait, au plus près des personnages. Comme, par exemple, celle de continuer sur des petites touches de fantastiques suggérées comme c’était le cas jusque-là. Quant à la morale religieuse finale (et un peu bigote) qui voit Dieu et la Foi sauver cette famille, elle ne plaira pas à tout le monde par son côté cul-bénie et prosélyte.


Bref, on est un peu interpellé, étonné et surtout déçu par une telle manière d’achever une œuvre qui partait si bien. Alors tentons de nous concentrer sur les trois quarts du film qui fonctionnent. Et même très bien. Daniels nous présente une famille dysfonctionnelle afro-américaine (père absent en Irak, mère alcoolique, grand-mère cancéreuse et ancienne toxicomane qui trouve le salut par la religion ainsi que trois enfants paumés). Le portrait est juste et les problématiques sociales inhérentes à leur milieu sont parfaitement traitées. Le script amène le sujet des violences sur les enfants de manière très intelligente. De plus, le casting est aux petits oignons et Glenn Close livre encore une prestation que certains trouveront peut-être un peu extrême mais qui n’est pas si éloignée d’une certaine réalité américaine. « The Deliverance » et ses petites touches de fantastique versées dans ce contexte familial et social difficile débute donc avec brio. On rêve donc d’une fin alternative dans la même lignée, plus réservée et sobre, loin des excès clichés des films d’horreur tendance langes anciennes, eau bénite et démon aux yeux noirs qui jure. Surtout qu’hormis une ou deux séquences (celle de l’hôpital ou celle de la voiture), on n’a pas vraiment peur... Dommage, encore une fois.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 6 sept. 2024

Critique lue 359 fois

2 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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2

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