Si j'avais un peu de mal à cerner les objectifs de Rob Zombie dans La Maison des 1000 Morts, The Devil's Rejects a au moins le mérite de les clarifier.
Prenant la suite directe du premier film de Rob Zombie, The Devil's Rejects cherche à inverser les rôles, et de faire des traqueurs les traqués. Mais dans un premier temps, il fait d'abord grimper notre haine avec des scènes volontairement atroces et subversives, ce qui donne parfois l'impression d'un film assez pervers tant il écrase ses victimes et honore ses personnages principaux, également antagonistes.
L'ambiance est totalement différente du film qui le précède : là où La Maison des 1000 Morts évoque une espèce d'horreur fantastique avec un ton parfois léger, The Devil's Rejects fait preuve de davantage de froideur et de réalisme, et me rappelle plutôt une atmosphère du type de La Dernière Maison sur la Gauche.
La démarche de Rob Zombie est intéressante : elle nous questionne sur notre rapport au vice, en mettant d'abord en évidence notre aversion aux scènes de torture, puis en pointant le plaisir parfois malsain que l'on prend en voyant des personnages que l'on déteste souffrir lors de scènes de torture trashs. On peut en effet trouver un certain plaisir sadique à voir les antagonistes payer pour leurs méfaits, et tous les codes de l'horreur sont alors inversés.
Je pense par exemple au passage où le policier surgit et donne un coup de hache, un passage assez attendu mais qui devient jouissif étant donné qu'on est de son côté. La torture morale, lorsque le policier annonce à la fille la mort de sa mère, est d'ailleurs une des scènes les plus jubilatoires, tout en étant l'une des plus sadiques.
Bien que le ton sordide du film et ses méthodes tortionnaires rendent le visionnage assez disgracieux, il faut bien reconnaître que tout fonctionne très bien et que le propos est plus profond qu'en apparence. Cette connivence stylistique est non seulement due aux prises de vues sales et au style général très obscène de Rob Zombie, mais aussi à une flopée d'acteurs exceptionnels, tant dans les antagonistes (tous autant qu'ils sont, mais notamment Sid Haig que je trouve vraiment incroyable) que parmi les personnages secondaires.
The Devil's Rejects trouve le moyen d'être le plus subversif possible tout en le justifiant par un propos accusateur, pointant du doigt le sadisme du spectateur. Il peut en un sens se rapprocher d'un film tel que Salo ou les 120 journées de Sodome, dans un tout autre style, mais joue en plus avec les codes du cinéma horrifique, dont Rob Zombie semble être amateur.