Par rapport à son antépisode, La Maison des 1000 morts, The Devil's Rejects a une forme plus classique, moins clippée, louchant vers le road-movie tendance western. Cette fois, on pouvait s'y attendre, la famille Firefly se fait mettre le grappin dessus par le shérif, et ces « rebuts du diable » doivent prendre le large pour ne pas finir torturés par les forces puritaines de l'ordre et continuer à commettre leurs méfaits en paix.
Succulent retournement de situation de chasseur pourchassé, et l'occasion pour Rob Zombie de faire aboutir la réflexion qu'il avait amorcé dans La Maison des 1000 morts, à savoir que le système est pourri à la base, avec une police qui ne représente plus l'ordre mais juste un autre gang avec à sa tête le shérif qui jure de les tuer lui-même du « bras vengeur de dieu ». Les Firefly, eux, assassinent des citoyens sans états d'âmes après avoir joué au chat et à la souris avec eux, convaincus que dieu n'existe pas (comme il est marqué sur une affiche dans le film) ou qu'il est insignifiant.
Zombie utilise les ingrédients majeurs de son film précédent, la saleté, le rock'n'roll, la violence jamais belle à voir, mais parvient en se rangeant du côté de ses anti-héros à montrer que le sadisme n'est pas forcément où on l'attend. Rejetant complètement le politiquement correct hollywoodien (Scream, Saw...), il accomplit une œuvre à plusieurs niveaux de lecture, dans un nihilisme empreint d'une certaine morale mais jamais moralisateur.
Merci Rob d'avoir, avec des moyens dérisoires, réussit à redonner une vraie légitimité au film d'horreur sérieux, qui commençait à franchement devenir nauséabond. Le final du film, à la Thelma et Louise, est un grand moment de cinéma.