Malgré un parcours qui force le respect, Xavier Gens n'a jamais eu la reconnaissance des critiques et seulement qu'une poignée de fidèles. Son premier film Frontière(s) n'était pas terrible et son deuxième, Hitman, a été boudé par les fans du jeu vidéo en dépit de son efficacité. Pour son troisième effort, le réalisateur français s'est exilé des gros studios pour livrer un huis-clos tendu où un groupe de réfugiés essaie de survivre dans le sous-sol de leur immeuble après que leur ville ait été balayée de la carte. Un pitch on ne peut plus classique quoi...
Pourtant, avec peu de moyens, Gens arrive à nous immiscer dans un sous-sol aménagé glaçant, sombre et glauque, où vont ré-apprendre à vivre des individus lambda loin des clichés habituels. Car si l'on retrouvera la meneuse, le méchant ou encore inévitablement la petite fille, leurs rôles sont disproportionnés et leur personnalité ne se réveillera qu'après un certain temps. Un peu de cabotinage, une direction d'acteurs en roue libre, un casting pas toujours réussi en dépit de la présence du trop rare Michael Biehn et de l'excellente Rosanna Arquette, une photographie soignée et une mise en scène qui en jette : The Divide surprend.
Mais le film n'est hélas pas parfait. Car en dépit d'un scénario intelligent démontrant la nature humaine la plus crue possible et en dépit de maladresses, c'est surtout dans sa longueur que le film pêche : bien que ne durant que deux heures, on a l'impression qu'il dure une éternité et bon nombre de scènes auraient pu soit être coupées soit remontées pour une meilleure limpidité. En revanche, l'œuvre s'avère violente, viscérale, inattendue et on reste abasourdi par ce final profondément nihiliste que n'aurait pas refusé John Carpenter fut une époque. En somme, malgré des imperfections et un budget limité, Xavier Gens a réussi à nous proposer un huis-clos pesant autour de l'apocalypse humaine.