Dès la première scène, j'ai su que j'allais aimer le film. C'était obligé. "Heresy" de Nine Inch Nails en ouverture d'un film, c'est incroyablement dément, rebelle et cliché, mais c'est parfait.
Quant à la fin, je suis restée assise en silence sur mon canapé. Non, il n'y a pas d'émotion à mettre là-dessus. C'était un silence contemplatif, attentif, vague, bref, un silence quoi, laissez-moi tranquille !

Objectivement parlant, The Doom Generation réunit tous les clichés possibles et imaginables sur la rebel-attitude (prononcer avec un accent américain) : pas de morale, des jeunes trop tristes qui jurent tout le temps et abandonnés par leur famille et le monde entier, un drapeau américain servant de scène de crime, du sexe, de la bière, des cigarettes, bref, on aura compris.
Oui mais The Doom Generation c'est un film qui m'a happée. Bon après on va me dire OUAIS MAIS TU PARLES DE TOI C'EST PAS COOL, mais tant pis. Ce film, c'est un ressenti, c'est 1h15 qui passe sans que tu aies l'occasion de réaliser sa vacuité, vacuité aussi insondable que l'univers dans lequel les personnages évoluent. C'est peut-être en ça que ce film est intéressant : il illustre parfaitement le message qu'il veut véhiculer. Ou l'absence de message, prenons-le comme on veut.
Mais le film est riche de trouvailles : des rencontres où des individus étranges croient reconnaître en Amy leur ancien amour, de jolies petites scènes fantastico-gores (tout le monde saura à quoi je fais référence, je ne veux pas spoiler), et une fin pour le moins inattendue, rebondissement à contre-courant du schéma qui avait auparavant prévalu dans le film.
Et puis franchement moi le sexe ça me scotche. D'accord, c'est pas un argument du tout, mais le sexe est beau dans ce film, même lorsqu'il est dégueulasse ; il y a une esthétique un peu vieillie mais tellement charmante et retro. Entre les bars en alu, les chambres rouges ou à damiers, une Rose McGowan vêtue d'un imper transparent ou d'une petite robe avec des Doc, miam miam miam non ? Car Rose McGowan a un charme indéniable et particulier, les gros plans sur son visage sont un délice, la scène où elle est dans son bain est sublime, bref, re-miam.
Niveau jeu d'acteur, j'ai trouvé James Duval touchant mais un peu caricatural, le mec qui fait Xavier m'a laissée de marbre, quant à Rose elle est complètement immergée dans son personnage à mon sens, et le personnage en lui-même est tout de même un peu complexe, entre débauche et puritanisme, entre rage et sensibilité.

Je suis consciente des défauts du film, lequel peut apparaître comme cliché et paradoxalement convenu dans sa négation de valeurs. Mais personnellement, je n'ai pas perçu de morale dans ce film, ni de contre-morale, juste une belle illustration de la perte, de la ruine comme le dit le titre, et comme le dit le titre de ma critique. Je ne suis par contre pas capable d'autres remarques négatives. Un film qui doit, à mon sens, simplement se regarder en silence -ma note n'est là que parce qu'il fallait noter. Et à la fin, pour s'en remettre, faire comme dans le film : l'amour.
Eggdoll
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le 18 juin 2011

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Eggdoll

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