Après l’exploration des souterrains de Paris dans Catacombes et celle des pyramides égyptiennes dans Pyramid, c’est au tour de l’Inde et ses temples mystérieux de servir de toile de fond à un film d’horreur qui en exploite les légendes. Si cette recherche d’un exotisme esthétique relève d’une volonté d’amener un nouveau souffle à un cinéma de genre qui peine à renouveler ses codes (après tout, Jacques Tourneur a réalisé son plus beau film d’horreur à Tahiti), The Door ne parvient malheureusement pas à dépasser son statut de série B médiocre et convenue.
S’inspirant de la trame générale de Simetierre (Mary Lambert, 1989), le film met en scène un jeune couple d’Américains expatriés en Inde qui vient de perdre son enfant dans un tragique accident de voiture. La femme se voit proposer un drôle de marché : en suivant un rituel spécifique, elle pourra communiquer avec son fils une dernière fois à travers la porte d’un temple à la seule condition qu’elle ne l’ouvre cette porte sous aucun prétexte.
En s’attaquant à la problématique de la perte d’un enfant, le réalisateur Johannes Roberts, habitué aux productions horrifiques bas de gamme, marche sur des œufs. Là où le film de Mary Lambert parvenait à mettre en scène des personnages solides à la personnalité creusée, celui de Johannes Roberts se repaît dans la soupe aux clichés et aux stéréotypes. D’un point de vue narratif, le réalisateur accumule les incohérences et les maladresses, donnant ainsi sa forme à un film mal fichu et bancal. Cette absence de rigueur scénaristique s’explique par le fait que l’écriture n’est pas au centre des préoccupations du réalisateur. The Door relève du cinéma « d’effets », qui cherche moins à émouvoir son spectateur qu’à lui donner un bon shoot d’adrénaline. Si l’intention est naturellement louable pour un film d’horreur, The Door sombre dans un carnaval d’effets redondants et de pétards mouillés. Le film totalise le nombre ahurissant de 23 jump-scares (tous comptés par votre courageux serviteur) condensés en une heure et demie de métrage. Plutôt que de distiller une ambiance malsaine et oppressante (coucou Jacques Tourneur), Johannes Roberts préfère enchaîner les effets type « train fantôme », qui, à force de défiler sans répit pour le spectateur, finissent par ne plus faire effet du tout.
Si ces effets peuvent éventuellement fonctionner chez les spectateurs les moins repus au genre horrifique (à qui l’on recommande fortement Simetierre), les plus aguerris d’entre eux se fatigueront vite de ce sentiment de « déjà-vu » qui plane sur le film. Séance d’exorcisme, maison hantée, enfants tueurs, créature monstrueuse empruntée au folklore horrifique japonais : The Door reprend à son compte tout l’imaginaire iconique du cinéma d’horreur pour le traiter de manière insipide et sans aucune originalité. Mais qu’est-il donc arrivé à Alexandre Aja, dont le superbe remake de La colline à des yeux nous avait fait miroiter l’espoir d’un nouvel âge d’or du cinéma d’horreur ? Producteur de The Door, son sens aigu de la mise en scène est totalement absent du métrage dont on aurait pu s’attendre qu’il supervise le tournage. Une chose est sûre : son plat indien, peu épicé, manque cruellement de saveur.
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