La voiture rouge
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Ce sixième court métrage de Michael William West reprend des motifs visuels de ses précédents films, pour mieux les retravailler, et en cela proposer une suite d’image hypnotiques, stroboscopiques, tremblantes et dédoublées, parfois en négatif, accompagnées d’une musique saturée et angoissante qui crée une vraie tension dramatique crescendo. On pourrait presque dire que Michael William West est la figure du cinéaste post-expérimental, tant certaines de ses images ne ressemblent à rien de connu… Superpositions, dédoublements, décomposition des gestes, le cinéaste joue avec la lumière afin de constituer un portrait pluriel, fragmenté, d’une femme qui expérimente cette machine à rêver. Masque mortuaire où fantôme, homme qui surgit d’un ciel irradié, pomme croquée… Une variation sur Eve et Adam ? À moins que ce ne soit Lilith… Les plans où le couple danse sont saturés de larsens visuels incroyables. Ce rêve tourne vite au cauchemar où le cri viscéral de la femme résonne contre les murs de l’appartement qui deviennent claustrophobiques. Le cauchemar permet de tuer et de l’être… alors le fantôme de la liberté s’empare des mains, dans un plan tremblé mais qui évoque les plans de mains de Robert Bresson, le mystère de la destination reste entier. Ce n’est peut-être que la fin de l’expérimentation. C’est en tout cas une forte expérience visuelle dont la projection sur grand écran doit fortement sublimer l’ensemble. Le film connaît une large audience dans les festivals et je ne peux que m’en féliciter.
Créée
le 26 mai 2023
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