Je n'avais pas détesté les épisodes 25 et 26 de la série Neon Genesis Evangelion, même si, sans m'être comporté comme certains fanatiques frustrés qui avaient injurié Hideaki Anno avec virulence, j'étais resté sur ma faim. Ces deux derniers épisodes ont toujours une portée émotionnellement forte, peut-être pas aussi forte que ce que The End Of Evangelion allait me montrer il y a une bonne vingtaine d'années déjà.
Le long métrage d'animation complémentaire aux deux derniers épisodes de la série japonaise qui m'a le plus marqué, troublé, fait attacher aux personnages, montre crûment ici où Hideaki Anno voulait nous mener : voir le projet de la Complémentarité de l'Homme prendre acte dans toute sa violence, toute son horreur et paradoxalement toute sa splendeur.
Tout débute par une attaque informatique pour pirater le super-ordinateur MAGI. L'attaque est contrée grâce à la professeur Ritsuko Akagi une fois de plus. Puis arrive une attaque armée qui se mue en véritable bataille de feu nourri contre la base de la NERV qui se résume à un massacre général où aucun habitant du vaste complexe souterrain n'est épargné. Le but de l'intervention armée est évidemment d'empêcher le projet, fomenté par les pontes obscurs de la SEELE qui tirent les ficelles depuis le début, d'être exécuté. Et dans cette complication, on sait que le père de Shinji, le commandant Gendô Ikari, a trahi la SEELE pour une raison que l'on découvrira finalement mais qu'il paiera très chère en se portant lui même un dur jugement.
La violence s'accentue en atrocité, mais aussi en tristesse au fur et à mesure que des personnages disparaissent dans des morts horribles pour quelques uns à l'exemple de celle d'Asuka qui, malgré tout éveillée de sa léthargie dépressive à bord de son EVA 02, subira une riposte sanglante des neuf Evas de série temporairement battues sur le terrain. Face à tout ce qui arrive, on voit un Shinji qui continue à se sous-estimer, qui culpabilise, qui est pleurnichard, déprimé, démotivé à cause de la mort de Kaoru tué dans l'épisode 24 dans la main de son EVA 01. Plus terrible est de constater son impuissance de ne pouvoir être d'un grand secours et de le voir sérieusement atteint psychologiquement à cause de ce qu'il voit depuis son entry plug à l'intérieur de son EVA, épreuve assez traumatisante.
Plus on avance, plus on plonge dans une fin pessimiste, un cataclysme programmé qui, à la vision où toutes les âmes s'élèvent vers leur origine commune, provoque des émotions qui s'opposent en soi entre dégoût et fascination, entre grande tristesse et réjouissance quand arrive la chanson, superbe, qu'est "Come, Sweet Death" interprétée par la chanteuse sud-africaine Arianne Schreiber.
"Come, Sweet Death" : https://youtu.be/rQiHzcdUPAU
La fin laisse encore supposer des tas de choses, mais surtout, ce film qui apporte des réponses brutalement plus concrètes fait plonger, après son visionnage, à se mettre intérieurement face à soi-même dans un état pantois.
On en ressort retourné de ce choc final qui agit comme un mal pour faire mieux apprécier la vie, l'aimer davantage malgré les imperfections et les souffrances qu'elle apporte.
Sois heureux, Shinji !
critique écrite le 16 janvier 2023 et légèrement modifiée le 13 février 2023