Plan de complémentarité de l'otaku
Ce qu'il y a de formidable avec Evangelion c'est que le plus retors des pièges à otakus s'est transformé en une machine "d'otakusation" massive, source éternelle de fan-service et remplisseur notoire des comptes bancaires de la Gainax. On pourrait penser qu'Anno a prostitué sa série dès l'arrivée de ce film, mais il n'en est rien. C'est venu, certes, mais plus tard.
Car ce trip philosophico-mystique n'est pas exactement une conclusion nouvelle à l'histoire, suppléant les épisodes 25 et 26 de la série originale, mais plutôt un prolongement, pas du scénario de la série, mais du projet d'Anno de secouer les otakus. Souvenez-vous, 24 épisodes bourrés n'importe comment de références bibliques, un héros tête-à-claques qui finalement s'ouvre aux autres et se révèle à lui-même. L'éveil de l'otaku enfermé dans sa chambre et le monde, enfin, qui s'étend à ses pieds. Bref, l'espoir.
Après ça a pas mal gueulé chez les fans, parce que les derniers épisodes manquaient sévèrement de petits culottes, qu'ils n'expliquent rien et qu'en plus ils ont eu la sale impression de se faire insulter.
Réponse d'Anno: The End of Evangelion. Une réponse en forme de pied au cul, histoire de régler ses comptes avec ses anciens semblables avant de mettre Rei et Asuka sur le trottoir. Qu'apprend-t-on dans The End of? Que Shinji est nul et que cette fois-ci, ça ne s'arrange pas. Le scénario est abscons et n'explique les épisodes 1 à 24 que de manière très relative, le genre de scénario qui fait chauffer les forums dédiés à la série - je le sais, j'y étais. Mais le principal est ailleurs, la seule chose à retenir c'est que Shinji a échoué, il a raté sa chance, c'est un tocard et il mourra seul et détesté.
Traduction: Vous, messieurs les otakus, vous avez échoué, vous êtes les perdants de l'affaire.
Plus qu'un film: un constat. Celui de l'échec du projet Evangelion.