L’art, art de se jouer des contraintes. En comparaison d’un Lights Out à gerber, qui ne respecte même pas les règles qu’il explicite pourtant au début du film, The Endless se montre infiniment plus intelligent : la prémisse est claire et simple, mais les circonstances et les modalités du phénomène restent floues. Si The Endless ne donne pas beaucoup de réponses, c’est tout de même faire preuve d’une mauvaise volonté incroyable que de prétendre que le film empêche d’en trouver : vraiment, les clefs sont là. Ce dont les réals manquaient en budget, il l'ont donné au décuple en bonnes idées de script et de réalisation — et ça c'est beau.
Un film d’horreur en finesse. Avec l’épigraphe vite éculée hélas de Lovecraft (« La plus grande peur de l’humanité… ») en début de film et la petite référence faite par le prestidigitateur pourri au milieu, on pourrait regretter que les réals aient rappelé qui était leur inspiration majeure. Mais faut croire que c’était nécessaire : certains ne semblent pas comprendre que le « film d’horreur » ne se limite pas qu’à spectres vénères ou tueurs en série, avec gorn et jumpscares… À celui qui y réfléchit deux minutes, ce film fout l’angoisse, une bonne angoisse qui reste. Rien à voir avec les frayeurs toutes cheap d'un The Conjuring qui s’évaporent une fois au chaud dans son plumard.
Une patience scénaristique pas forcément heureuse. Un peu comme dans Overlord, The Endless ne révèle son jeu qu’assez tard : un peu après la moitié du film. Là où, dans Overlord, ça marchait très bien à cause de son aspect film de guerre, j’accroche un peu moins dans The Endless où le début est un peu monté sur une fausse piste. J’aurais sans doute préféré une première moitié un peu plus resserrée et une deuxième moitié un peu plus étendue, où on aurait un peu plus développé ces personnages qui connaissent la vérité et que les deux frères rencontrent.