Sans doute en attendais-je trop de la part de ce "The Face Reader", couronné de toute une tartine de Grand Bell Awards (l'une des deux grosses cérémonie de récompense en Corée du Sud) et porté par un casting des plus alléchant (Song Kang-ho et Lee Jung-jae en tête). Chaque année de cinéma en Corée apporte son lot de film historiques se comptant généralement sur les doigts d'une main, et si "Masquerade", malgré ses défauts, avait été plutôt convaincant, "The Face Reader" l'est indéniablement moins.
Pas que ça soit cheap ou mal foutu - enfin si, un peu - mais au-delà de ses qualités évidentes (à commencer par son casting complètement fou, les acteurs sont tous parfaits), le film de Han Jae-rim souffre de problèmes de rythme agaçants. Le scénario prend trois plombes à démarrer malgré que ça soit plutôt bien écrit, il faut attendre trois quart d'heures avant d'avoir des enjeux enfin posés. Quarante-cinq minutes d'exposition c'est énorme, et évidemment trop long. Car là où certaines productions fleuves peuvent se le permettre car elles arrives à combler cette introduction par une maîtrise fascinante de leur motricité scénaristique, ici les scénaristes manque de talent pour réellement passionner - et il ne serait guère étonnant que de nombreux spectateurs ait lâché à ce niveau là. Le problème c'est que même après ça, c'est toujours très lent - on se tape encore quarante-cinq minutes qui vont à deux à l'heure, pas nécessairement vides mais moyennement maîtrisées, très confuses dans la forme, usant de montages douteux. Alors qu'on aurait presque perdu espoir, le film de Han sort la tête de l'eau à un peu moins d'une heure de la fin pour une montée en puissance jusqu'au magnifique final - et je pèse mes mots. La scène de fin est probablement l'une des plus poétique et forte de sens de ces dernières années, à un tel point qu'on en viendrait presque à perdre le recul que l'on avait pris au début du film.
En écrivant cette critique j'ai l'impression d'être sévère envers "The Face Reader", car c'est franchement bien foutu et les coréens ont une manière de traiter la tragédie historique qui n'est sans rappeler les envolées shakespearienne de Kurosawa. Mais devant tant de potentiel gâché, des scènes incroyables qui s'alternent avec des passages ratés tentant parfois vainement de faire un peu d'humour, j'étais vraiment dégoutté de ce que je voyais.
Loin d'être un navet, mais loin d'être un grand film - comme d'habitude avec ce genre de film venant du Pays du Matin calme, il manque la petite touche qui ferait passer l'oeuvre de peut-mieux-faire à expérience-incroyable. Et ici plus que jamais, on pouvait y croire. Alors que "Roaring Currents" va sortir demain dans les salles coréennes, on ne peut que croiser les doigts en espérant que cette fois-ci sera la bonne. Malgré tout ce que j'ai pu dire, "The Face Reader" reste un film à voir - n'en attendez cependant pas trop.