Dragon Ball Série Z

L'initiative est louable, certes. Un fan-film de cet acabit émane toujours d'une envie partagée par des spectateurs, tout simplement parce que sinon ils n'auraient jamais réussi à trouver le budget pour le mener à son terme. S'attaquer à l'univers über-culte de Dragon Ball, par le petit bout de la lorgnette (une époque qui n'est présente dans le manga qu'à travers le récit de Trunks, si je me souviens bien), c'était assez intelligent aussi, et probablement la meilleure chose à faire: d'abord parce qu'on ne se confrontait pas directement au génie de M. Toriyama, ensuite parce que ça laissait au réalisateur une certaine marge de manœuvre qu'il met à profit (d'une façon qui ne m'a pas convaincu, certes, mais il le fait).

Alors pourquoi un 2? Eh bien pour commencer j'ai horreur des films français qui se veulent internationaux sans se donner les moyens de leurs ambitions. Je suis désolé, mais ça m'énerve. À une époque où des vidéos en français sont simplement sous-titrées en Anglais pour être vues à l'étranger et que ça marche très bien comme ça ( je pense à Suricate, dont j'ai montré certaines vidéos à mes petits élèves l'an dernier), pourquoi ce choix catastrophique de prendre une voix-off qui s'exprime dans un Anglais avec un accent assez moyen, une intonation ratée et surtout des FAUTES??? Pourquoi? C'était si dur que ça, avec les moyens que vous aviez, de repasser par un dictionnaire basique pour se rendre compte qu'on ne dit jamais, au grand jamais, "sheepS"???

Au-delà de cette petite marotte personnelle, j'ai lu dans une critique d'un de mes éclaireurs que le film était soumis à un traitement à la Nolan/Snyder, ce qui selon lui n'était plutôt pas mal. Je suis d'accord sur l'observation, non sur le résultat: à mon avis, il n'y a rien de pire qu'un film qui applique ce traitement à moitié. Parce que quand on n'est pas un maniaque absolu de l'image avec des moyens financiers conséquents comme les deux loulous précédemment cités, en général, c'est moche (il n'y a qu'à voir 300: La Naissance d'un Empire pour s'en rendre compte). Et ici, malheureusement, c'est moche. Surtout Cell, qui est quand même LE méchant mais dont la modélisation 3D fait vraiment penser à certains nanards récents.

Enfin, le dernier point qui m'a gêné dans le film, et sans doute celui qui m'a le plus gêné, c'est qu'il se prend au sérieux. Mais vraiment trop au sérieux. La grande force de Toriyama dans Dragon Ball (surtout durant l'enfance de Goku, c'est vrai) c'est de réussir à mettre de l'humour presque partout pour désamorcer les conflits autrement plus profonds qui habitent les personnages (ne serait-ce que dans le nom des méchants, avec le cycle "instruments de musique" et le cycle "fruits et légumes"). De plus, il est très conscient de ses propres faiblesses: il ne se sent pas à l'aise dans les monologues pseudo-philosophiques (qui semblent désormais être un passage obligé dans chaque manga en cours); très bien, il n'en met pas.
The Fall of Men, c'est tout l'inverse: incapable de repérer ses forces et ses faiblesses, il nous gratifie d'un monologue en voix off ampoulé, ânonné comme du Prévert par un CM2, qui donne par contraste l'impression très drôle mais complètement involontaire que tous les personnages sont muets, ou alors toujours sur le point de dire quelque chose mais sans jamais y arriver (la première scène entre Bulma et Trunks est, à cet égard, une pépite); les regards supposément compréhensifs/profonds qu'ils s'échangent renforcent encore ce décalage complet entre contenu et contenant. Et je suppose que le fait de voir un Trunks avec l'air bovin d'un Sylvester Stallone jeune à l'écran les 3/4 du temps n'arrange pas les choses (ne vous méprenez pas, j'aime beaucoup Stallone; mais c'est avant tout un acteur de NANARDS, donc de films qui ne se prennent pas ou presque pas au sérieux).

Bref, quand on voit les personnages présents dans Dragon Ball Z: The Fall of Men, on comprend assez bien pourquoi l'humanité a été détruite.