Avant même de commencer le film : ne lisez pas le résumé ni ne regardez la bande-annonce, allez voir The Fallout sans rien savoir, l'effet est saisissant au début du film. On commence donc The Fallout en suivant Vada, une ado qui a un père et une mère sympas, un ami drôle qui l'amène au lycée, une petite sœur "qui devient une femme" (on a adoré l'échange intimiste entre sœurs), on pense suivre un quotidien classique...et un bruit (on ne vous dit rien de plus). Un bruit qui change tout, un bruit qu'on a mis dix secondes à reconnaître, et encore dix d'incrédulité face à ce que le film va nous proposer pour les 80 minutes qu'il reste (du pur déni, créé par l'empathie au personnage de cette ado si attachante). On vit l'ouverture angoissante avec (la géniale) Jenna Ortega, on se prend à ne plus respirer, à essuyer une larme en pensant à ceux qui vivent pareille horreur, et comme Vada : on n'en ressort pas indemne. Ce qui frappe en premier dans ce drame émouvant, c'est le jeu à fleur de peau de Ortega qui va donner de l'humanité, de la profondeur et de la compréhension à ce personnage qui se perd dans les drogues, l'alcool, les relations instables, qui ne sait pas s'ouvrir aux autres et feint un sourire à chaque fois qu'un tiers essaie de l'aider... Elle qu'on ne connaissait pas bien (outre la série Wednesday qu'on vient de terminer, et qui a motivé notre "rattrapage filmo" de l'actrice qui nous a tapé dans l’œil), vient de nous faire une "Zendaya dans Euphoria" (on choisit exprès cet exemple car les deux rôles ont beaucoup en commun), à savoir une bonne grosse claque dans notre face. De la psychologie qu'on comprend en un clin-d’œil (s'adressant aux émotions pures), des scènes de réconciliations qui nous ont fait encore "ressentir" le film (
la maman qui veut parler "entre femmes, sans aucun tabou", le papa qui essaie la thérapie du cri libérateur, la sœur qui nous fait tomber de notre chaise quand elle avoue qu'elle se sent coupable de ce qui est arrivé à Vada - pauvre petite...
). Et ce qui nous a achevé dans ce The Fallout décidément très intelligent, c'est son refus de la happy-end cucul qui aurait tout gâché. On se situe dans un entre-deux réaliste :
elle commence à se réconcilier aussi avec elle-même, mais on voit que le retour "à la normale" est malheureusement une utopie, elle repart en vrille quand un autre lycée se fait attaquer, se rappelant de son expérience et compatissant d'emblée pour ceux qui finiront comme elle...
A l'instar de la scène d'ouverture : seul le bruit compte,
on ne la voit pas s'écrouler, mais seule sa respiration paniquée
nous fait vivre viscéralement sa souffrance. La mise en scène sobre (pour en faire ressentir davantage), l'histoire réaliste et profondément triste, le jeu "Euphoria" (la claque) d'Ortega, tout en The Fallout nous a touché. On n'était pas prêt.