Devoir de mémoire
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Pour son premier long-métrage, le dramaturge et cinéaste français Florian Zeller s’est lancé dans l’adaptation de sa propre pièce de théâtre, Le Père, et délivre un film poignant sur la vieillesse et les rapports parents/enfants. Le film se focalise à la fois sur le personnage d’Anthony, homme de 81 ans, dont la réalité se brise petit à petit, et sur celui de sa fille Anne, qui tente de l’accompagner et de l’aider dans ce labyrinthe de questions sans réponses.
Grand succès critique, The Father a beaucoup fait parler de lui grâce à ses deux victoires aux Oscars où il a remporté l’Oscar du Meilleur scénario adapté pour Florian Zeller et Christopher Hampton ainsi que l’Oscar du Meilleur acteur pour Anthony Hopkins. Et ces récompenses sont logiquement méritées car ce premier film est une grande réussite tant sur le plan du scénario que de la mise en scène et du jeu de ses acteurs principaux.
En allant voir The Father je m’attendais à une histoire relativement simple, racontée de manière linéaire et très classique où un vieil homme perd petit à petit ses repères et sa mémoire, signes que la vieillesse le rattrape et qu’il ne peut plus être autonome. Le film commence et rapidement je comprends que Florian Zeller nous propose quelque chose de bien plus complexe et original. En effet, au lieu de nous montrer pendant 1h40 le personnage d’Anthony perdre ses capacités sous les yeux de sa filles, le réalisateur nous plonge littéralement dans la déchéance mentale du personnage, avec lui, et ce grâce à une habile mise en scène qui devait parfaitement bien fonctionner au théâtre. Le spectateur se voit donc lui aussi, et ce dès le début, totalement immergé dans la perte de repères d’Anthony qui découvre petit à petit qu’il n’est pas chez lui, ne sait plus qui est qui, confond certains évènements, en oublie voire même en invente. Florian Zeller réussi donc parfaitement bien à nous impliquer dans cette bouleversante histoire de (fin de) vie en mélangeant et en entremêlant les scènes, les dialogues, les décors et les acteurs, pour mieux nous perdre nous aussi avec les personnages dans cette étape terrifiante de la vie, nous faire ressentir cette vieillesse inévitable.
Le film est porté par un sensible et magnifique Anthony Hopkins qui mérite amplement le deuxième Oscar de sa carrière. L’acteur de 83 ans (quasiment le même âge que son personnage) est tout simplement bluffant, passant tantôt du sourire aux larmes, de la colère aux questionnements. Tellement habité par son rôle, Hopkins n’éclipse heureusement pas la merveilleuse Olivia Colman dans le rôle d’Anne, personnage tourmenté par le déclin de la santé de son père, faisant preuve de tendresse et d’inquiétude envers lui. L’actrice délivre une magnifique performance, toute en sobriété et en émotion.
The Father est donc un très beau premier film pour Florian Zeller qui aborde avec intelligence la thématique de la vieillesse, l’âge où l’esprit commence à s’en aller pour ne plus revenir et où les enfants sont confrontés à l’affaiblissement mental de leurs parents, les mettant ainsi aux prises avec des choix extrêmement difficiles.
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le 1 juin 2021
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