Intérieur, jour. Grand appartement cossu, deux personnages, un père et sa fille. Émotion palpable, tension. Coupe. Intérieur, jour. Grand appartement cossu mais avec un aménagement légèrement différent, et cette fille qui n’est plus la même. Sa vie différente, ses compagnons également, et ce père perdu. La tension est grande, elle prend à la gorge. Obsession et défiance règnent. Et pourtant ce n’est pas un thriller mais une manière puissante de montrer sans dire le ressenti et l’angoisse de celui qui perd ses repères, dont la mémoire et la notion du temps ne plus fiables. C’est aussi l’angoisse et le désarroi croissants de celle qui assiste impuissante à la dégradation du parent. Et enfin l’angoisse et l’irritation de son compagnon, à la fois las et inquiet.


Florian Zeller adapte sa propre pièce de théâtre et y instille tous les codes cinématographiques du thriller psychologique, comme le travail sur les focales, les changements de détails du décor, la musique, les clair-obscurs... Si l’exercice peut paraitre y peu rigide et répétitif, je l’ai pour a part trouvé très puissant, sublimant l’abolition de la notion du temps. J’aimerais bien voir Floride à titre de comparaison, qui est également une adaptation de la pièce de Philippe Le Guay, mais qui visiblement n’est pas un huis-clos.


Largement récompensé, le film bénéficie de deux acteurs fantastiques : Anthony Hopkins revenu au sommet de son art, mais supplanté à mes yeux par Olivia Colman, si sincère et bouleversante. Le film réussit l’identification à tous les personnages, renforçant ainsi sa portée. On peut craindre de se retrouver dans chaque personnage. C’est de loin le film qui m’a le plus touchée ces derniers temps, probablement aussi car j’y retrouve des préoccupations et expériences personnelles. Le huis-clos de The Father nous ramène à un désarroi autre que la mortalité : la perte de notre identité et intégrité mentale.

AlicePerron1
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le 4 juil. 2021

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Alice Perron

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