Support: Bluray
Je ne connais Inoue que de nom, conscient de l’existence de Vagabond et Slam Dunk, mais jamais plus informé que ça. Quand est sorti le film dont il est sujet aujourd’hui, la dithyrambe à son sujet à tout de même titillé ma curiosité, malgré quelques doutes au vu de l’hyperbole qui affecte régulièrement les animephiles lorsque leur œuvre fétiche est adaptée au format long. Mais de voir que tant de profils divers parmi mes éclaireurs, certains n’y connaissant rien aux mangas, d’autres déjà acquis à l'œuvre originale, se mettre d’accord sur la qualité du film, ça a décuplé ma curiosité. Il m’aura cependant fallu prendre mon mal en patience tant l’écart fut long entre la sortie japonaise, puis française, et la parution du bluray. Tous ces facteurs ont créé en mois une anticipation qui aurait pu être préjudiciable à mon regard via des attentes portées trop hautes. Que nenni, The First Slam Dunk a dépassé mes espérances et se place dans le haut du panier en termes d’animations.
Inoue nous propose de suivre un unique match dans un quasi temps réel que seuls viennent entrecouper des flashbacks présentant le cinq de départ, leur passif, leur mental, leurs liens. Au vu de la frénésie sur le terrain, son dynamisme effarant et son suspens haletant, qui immergent le spectateur dans l’action, le plaçant non pas sur les gradins mais sur le parquet avec les joueurs, ces interruptions sont parfaitement justifiées pour permettre des respirations, comme tant de temps morts et de quart temps. Cette construction narrative en parallèle est une trouvaille qui s’intègre parfaitement dans le ressenti du film, et donne un aperçu de la psyché de chacun des protagonistes dans une écriture simple mais efficace, savamment dosée dans le pathos jamais à l’excès.
Mais la pellicule détonne, c’est avant tout grâce à son animation. Les premières minutes paraissent étranges devant la singularité de l’esthétique générale, de l’image de synthèse retravaillée à la main pour donner vie aux cases fixes de l'œuvre originale, mais passée cette période d’acclimatation, c’est la déferlante d’un spectacle visuel hors norme. L’énergie du terrain vibre, les inserts fixes viennent suspendre les moments de bravoure, les échanges de regard reflètent les intentions de chacun, guidées par ce que l’on a vu dans la structure alternée du récit, pour une osmose grandiose de tous les instants. Ajoutez à cela un travail sur le paysage sonore du film qui vient amplifier chaque plan qui décale la rétine par les acclamations du public, le crissement des chaussures sur le parquet, le bruit du ballon, et ces silences, ces longs silences où tout est suspendu dans un flottement potentiellement fatidique.
On sue, on hue, on salue, on est ému. Inoue est inouï.