Rentrons lui dans le lard, en commençant par ce qui saute aux yeux : la CGI est dégueulasse. La Warner a tenté de d'expliquer que c'était volontaire, placé là comme un filtre apposant la vision déformée de Barry sur ce qui l'entoure, par son incursion dans des passés qui ne sont pas les siens. Oui, très bien, le fait est que ça reste dégueulasse. Que le développement du film ait été tumultueux est une chose, mais inutile de justifier un raté par des excuses miteuses, mieux vaut ne rien dire qu'affirmer qu'on a fait un film laid à dessein. On est en 2023, et la première scène d'action nous sort des bébés en CGI dont une cinématique PS2 ne serait pas vraiment fière. Faut y aller quand même. Qui plus est quand cette scène reprend le principe de X-Men First Class, sorti douze ans plus tôt, en plus moche et moins abouti. Et visuellement, tout le reste du film est sur le même ton. La seule idée était ces "chronobowls" kaléidoscopiques, mais celle-ci n'est même pas exploitée, transformant l'arrière plan en bouillasse fixe.
Vient ensuite la question du multivers, concept usé jusqu'à l'os en à peine cinq ans. The Flash a au moins le mérite de ne pas s’appesantir sur le concept et de se concentrer sur une unique timeline (mis à part cette scène sur laquelle nous reviendrons plus tard). Seulement, il n'y a aucune surprise sur le déroulé narratif du récit, tout est convenu, d'autant plus que les seules éventuelles surprises ont été, comme c'est habituel pour tout ce qui touche aux majors, ruinées par la communication autour du film. Si vous avez un Keaton ou une Supergirl, gardez les sous le coude didiou! Ne les balancez pas dans la bande-annonce comme seul attrait marketing! Et quand en plus l'annonce du reboot du DCEU se fait quelques temps avant la sortie du film, on s'étonne difficilement que le film ait fait un four au box-office. Et si le scénario du film était l'occasion parfaite de justifier ce reboot dans la diégèse de la franchise, il n'en sera rien. Les têtes pensantes du studio me laisse décidément dubitatif quant à leur stratégie.
Mais revenons à nos moutons, et attardons nous sur une autre tare des blockbusters actuels : la nécessité de faire du caméo à outrance. Si c'est ici plus digeste que No Way Home, car le film tient la route sans ces clins d'œil appuyés, on reste dans la gratuité la plus totale : Clooney, Cage, Keaton, Shannon… On va même jusqu'à ressusciter Christopher Reeves et Adam West, ce qui franchit une barrière éthique très discutable (même si ça ne sera pas la première fois, n'est-ce pas Disney?), le tout dans la scène la plus laide du film donnant un aperçu sur ces univers parallèles (ces œuvres qui furent ou faillirent être).
Non, The Flash n'est pas un très bon film. Et pourtant on est bien au-dessus de bouses telles que Black Adam, Suicide Squad ou Wonder Woman 1984. Car le film, dans sa frénésie, réussit à être très bien rythmé, les 2h30 du métrage passant à toute allure. Si aucune scène ne restera en mémoire, il faut reconnaître que c'est plus lisible que la majorité des productions super-héroïques actuelles. Et malgré leur superficialité, les personnages présentés sont plutôt attachant. Pas une catastrophe donc, juste un rollercoaster tel que décrit par Scorsese, qui a au moins le mérite de ne pas s'écrouler. C'est peu, mais je m'attendais à bien pire.