Voyage dans le temps, Multiverse et caméos : trois recettes qui ont la côte chez les blockbusters depuis quelques années maintenant. Alors qu'est-ce qu'il y aurait de mal à mélanger les trois ?
Autant le dire de suite, si vous n'êtes pas friands des derniers blockbusters jouant la carte de la nostalgie, vous n'aimerez sans doute pas The Flash. En réalité, la sensation d'un scénario remanié à la lumière de la nouvelle mode hollywoodienne est assez pesante, en particulier lors du dernier acte du dernier film du DCU. Comme le premier film de la saga sur l'homme-fourmi côté Marvel Studios qui avait grandement souffert du départ d'Edgar Wright, le film dédié à l'homme le plus rapide du monde se mélange les pinceaux en souhaitant garder les intrigues qui avaient été posées par les anciens scénaristes Phil Lord et Chris Miller tout en ajoutant maladroitement du Multiver-stalgie. Et c'est dommage !
C'est dommage, car un film de super-héros qui arrive à construire une histoire intrigante en développant correctement son personnage principal dans le premier acte, cela devient assez rare et pourtant ici c'est le cas ! Le film ne perd pas de temps à présenter les enjeux, mais se dote d'une belle expression narrative grâce à l'écriture très juste de Barry Allen, aka The Flash. Warner et DC ont tout fait pour garder Ezra Miller, là où d'autres studios auraient rapidement fui. Mais au-delà des (centaines de) millions de dollars investis sur le film, l'acteur est bien la vraie force du film. Ce qui pourrait paraître surprenant, pour ceux qui se rappellent de sa prestation très bancale dans Justice League. Pourtant, passé la scène d'exposition, la justesse de son jeu est irréprochable jusqu'à la fin. La facilité avec laquelle il joue sur le plan de la comédie et sur celui du drame aide énormément le film à être intéressant. A tous ceux qui craignent que le film soit en réalité un Bat-film : The Flash est un film sur The Flash. Et c'est tant mieux, car Ezra Miller est un des atouts les plus précieux du film.
Là où le bât blesse réellement, c'est à partir de son second acte, décevant et très peu surprenant. L'étrange linéarité du récit et l'ajout forcé de références laissent un goût très amer à la fin du visionnage. Pour être encore plus juste, tout l'acte final est écœurant d'effets spéciaux indécents et d'explications hasardeuses. Alors qu'il y avait tellement mieux à faire ! Tout paraît bâclé, inachevé, à la limite du ridicule. Son autre problème est de sortir en même temps que Spider-Man: Across the Spider-Verse, qui réussit avec brio à expliquer des thématiques étrangement similaires à celles de The Flash. Même très similaires.
Alors non, The Flash n'est pas le meilleur film de super-héros depuis The Dark Knight. Mais contrairement à la vaste majorité des autres films du DCU, il a sa propre identité. Malgré ses défauts conséquents en plus de quelques longueurs, il tient la route. Porté par un grand Ezra Miller, Barry Allen est attachant et certaines de ses scènes comiques sont vraiment drôles. Les interactions entre les personnages sont assez savoureuses et les dialogues bien écrits (hors ceux très cheesy censés exciter notre côté nostalgique - spoiler, ça ne marche pas -). C'est étonnant pour un film du DCU : les scènes d'action sont inintéressantes, mais les personnages le sont (enfin, essentiellement Barry Allen). Certes, le film est loin d'être parfait et cohérent. Mais néanmoins, il se regarde agréablement et surprend là où ne l'attendait pas.
Ce sera maintenant le travail de James Gunn de remettre de l'ordre chez DC. Mais quoi qu'il en soit, The Flash aura permis de donner une conclusion relativement honnête au DCU après dix ans d'existence. Et ce n'était pas gagné.