D'abord "The Fog of War" confirme le talent de documentariste d'Errol Morris, récompensé de l'Oscar : fermeté du regard sur l'interviewé (ici, pas moins que Robert S. McNamara, soit l'un des plus puissants "hommes de guerre" du XXème siècle), pertinence du contrepoint offert par les images d'archives illustrant les propos brillants - et souvent lénifiants - de McNamara. Mais là où le film fascine - et peut indisposer si l'on prend ces "leçons" pour argent comptant -, c'est qu'il offre à celui que l'on peut considérer comme l'un des grands criminels de guerre encore vivant (et non poursuivi en justice) une tribune pour pouvoir se dédouaner de sa responsabilité vis à vis des dizaines de milliers de morts qu'il a directement causées : nous écoutons une brillante dissertation géopolitique, clairement "révisionniste", rejetant sans vergogne la "faute" sur la "Nature Humaine", abusant de notions faciles (le Bien et le Mal, ah ah !), et Morris nous fait confiance quant à notre intelligence, notre capacité à voir le Monstre derrière l'homme vieillissant. [Critique écrite en 2007]