Il faut se méfier de Bousman, il a tout de même démarré avec Saw II...
Du coup, il est assez surprenant de le voir aujourd'hui aux manettes de petites productions de série B horrifiques assez alléchantes dont "the Barrens" fait partie.
Alors soyons clairs, nous ne sommes pas face à un chef d'oeuvre : une fin pourrie, des flashbacks assez laids, des incohérences scenaristiques handicapantes (c'est quoi cette histoire de chien ? C'est quoi cette manie d'attendre plusieurs heure avant de faire le tour d'une tente abandonnée ?)... Et pourtant il y a beaucoup plus à se mettre sous la dent avec ce film que dans de nombreuses productions plus lourdement armées.
Tout d'abord, le film s'ouvre avec de magnifiques travellings steadycam au milieu d'un étroit chemin forestier. Ces aletrnances de travellings, le gamin qui s'appelle Dany, le père de famille qui devient tout blanc et schizo... Définitivement, Shining hante le projet. Là où the Barrens est intelligent, c'est qu'il ne tire pas de Kubrick des gimmicks graphiques ou des citations hommage mais plutôt une substance de base extrêmement cohérente et assez profonde.
Shining c'était l'histoire de l'amérique construite sur l'extermination du peuple indien et la folie d'un père de famille. The Barrens explose l'hôtel aux drapeaux américains pour situer son action au sein d'une forêt d'arbres maigres et échange la famille Ricorée pour une famille recomposée au passé plus trouble (tromperie ou non ?). Le passé de l'Amerique, lui, va chercher du côté de l'Americana, premiers colons sédentaires qui auraient assisté aux manistations du Jersey Devil.
The Barrens modernise le projet mais va se retourner vers le Lo-Fi du cinéma horrifique des 70's / 80's que ce soit pour sa lumière crado (liée au budget peut être mais très bienmaîtrisée dans sons tyle) pour ressortir une créature faite de caoutchouc et de prothèses. La créature est sublime, ne serait-ce que dans son projet littéralement grotesque et Lovecraftien : un monstre ailé au corps de kangourou et à la tête chevaline. Dommage que celle-ci ne soit finallement pas si bien exploitée que celà, pas toujours bien filmée et au final peu crédible.
Il y a quelque chose d'anglais dans le projet, non pas tant encore une fois par le fantôme de Kubrick mais plustôt via ce respect du grand guignol, du maquillage SFX et de la tradition de film d'horreur gothique. L'adolescente ne rêve-t-elle pas de partir à Londres ?
Il nous restera à la fin une impression de gâchi tant le film nous promettait monts et merveilles au départ que ce soit avec les performances remarquables des acteurs ou avec sa séquence d'ouverture modèle de montage, de cadres à la Kubrick et un montage son juste hallucinant (ouvrez vos oreilles, il y a du lourd : chaque bruissement sous-mixé ou absence de bruissement est ici un vrai choix !).
On retiendra enfin les images de ce petit groupe vulnérable, errant dans un labirynthe sans murs, une forêt clairsemée dont l'ambiance sonore peut être troublée par une sonnerie de portable ou de cadavres qui tombent du ciel. Une abstraction très porteuse et malheureusemnet pas aboutie.
Problèmes de production ? Charcutage sur le banc de montage ? On a du coup envie de faire ce crédit aux réalisations antérieures de Bousman...