La Corée, c’est loin, très loin. Nous sommes en 1636. Les barbares ont vaincu les Mings, la dernière dynastie Han. Resté fidèle aux Mings, le royaume coréen et vassal de Joseon est attaqué par les Qings. Le roi Injo et ses hommes se retranchent dans la forteresse de Namhansanseong. Les Mandchous mettent le siège.
Avouons que l’affiche est trompeuse. Un guerrier fait face à une multitude armée. Vous vous préparez, légitimement, à la version coréenne d’un bon vieux wu xia pian : combats de sabres, héros bondissants, mouvements de foules, charges et contre charges, trahisons et pièges... Que nenni.
Le roi Inho consulte ses conseillers. Il écoute et hésite. Le ministre de l'intérieur le supplie de se rendre. Tous les autres, sous la férule du ministre des rites, le poussent à refuser l’humiliation et à résister. Les journées passent. Le roi est malade. Le peuple et les soldats meurent, au sens littéral, de faim et de froid. Si les deux ministres s’estiment, les courtisans appellent à l’exécution du pacifiste. L’honneur n’a pas de prix. L’armée de secours se fait attendre, ses chefs se débandent.
C’est plastiquement fort beau, mais d’un rare académisme. La forteresse, la nature, les tenues improbables des aristocrates. Si Hwang Dong-hyeok manque de figurants, les combats sont brefs, mais réalistes. On s’étripe au sabre et au couteau.
Le roi voudrait vivre. Doit-il accepter de mourir ou supplier le barbare mandchou à la voix si grave ? Son humiliation et son inévitable abdication sauveront le peuple... L’humiliation s’oubliera, seule la mort est définitive. Les nobles luttent-ils pour leur honneur ? Ou, plus prosaïquement, préfèrent-ils mourir que renoncer à leurs privilèges ?
The Fortress fut un immense succès en Corée.
Ici, il déconcerta.
La bande son, mélancolique, est très belle.
Quand la guerre finira, la vie reprendra son cours.