Bénéficiant de moyens conséquents, cette reconstitution historique du siège de la forteresse du mont Namhan par les mandchous, se caractérise par son réalisme, des décors d’une grande richesse, des batailles très bien filmées, et parvient à faire totalement abstraction de l’éternel sarabande patriotique affiliée généralement à ce genre d’œuvre.
Quatrième film de son réalisateur, Hwang Dong-hyuk, qui avait jusqu’alors mis en scène deux drames psychologiques dont le sympathique Silenced avec Gong Yoo (Dernier Train Pour Busan, The Age Of Shadows), et une comédie, The Fortress réussit sur le terrain de la reconstitution, mais souffre d’une sorte de volonté de son auteur de tellement pavoiser dans de longues tirades sous forme d’opposition de point de vue stratégique entre les diverses factions, avec ce questionnement quant à savoir si l’on doit résister ou rendre les armes face à un assiégeant trop puissant, et les dialogues interminables quant à la posture stratégique à adopter face à l’oppresseur, qui en découle, que l’on perd assez vite le fil d’une intrigue qui détourne l’attention et provoque rapidement les premiers bâillements.
Bénéficiant d’un casting de choix, avec entre autres Lee Byung-hun, l’acteur qui est au réalisateur Kim Jee-Woon (A Bitter Sweet Life, J’ai rencontré le Diable, Le Bon, La Brute et le Cinglé) ce que Song Kang-ho est à Bong Joon-ho, Kim Yoon-seok (The Chaser) et Park Haeil (War Of The Arrows, The Host), cette superproduction qui possède des atouts indéniables ne parvient quasiment jamais à magnifier son propos dans son visuel super léché, ne serait-ce que par le lyrisme découlant de sa dramaturgie, comme le fit jadis un grand auteur comme Akira Kurosawa dans ces grandes reconstitutions historiques en costumes du genre Ran ou Kagemusha.
Tellement occupé à tenter de vitaliser son propos entre deux interminables tirades dialoguées, par des batailles, certes plutôt bien chorégraphiées, mais dont on peine à définir les tenants et aboutissants, l’auteur parvient péniblement à remplir le cahier des charges de son luxueux métrage qui s’étend sur deux longues heures vingt.
A noter, une partition musicale de grande qualité signée par le célèbre compositeur nippon, Ryūichi Sakamoto qui parvient malgré tout à rehausser la dimension dramaturgique de cette œuvre pleine de bonne volonté, mais ruinée par de longues déambulations qui finissent par la rendre pompeuse.