Bénéficiant de moyens conséquents, cette reconstitution historique du siège de la forteresse du mont Namhan par les mandchous, se caractérise par son réalisme, des décors d’une grande richesse, des batailles très bien filmées, et parvient à faire totalement abstraction de l’éternel sarabande patriotique affiliée généralement à ce genre d’œuvre.


Quatrième film de son réalisateur, Hwang Dong-hyuk, qui avait jusqu’alors mis en scène deux drames psychologiques dont le sympathique Silenced avec Gong Yoo (Dernier Train Pour Busan, The Age Of Shadows), et une comédie, The Fortress réussit sur le terrain de la reconstitution, mais souffre d’une sorte de volonté de son auteur de tellement pavoiser dans de longues tirades sous forme d’opposition de point de vue stratégique entre les diverses factions, avec ce questionnement quant à savoir si l’on doit résister ou rendre les armes face à un assiégeant trop puissant, et les dialogues interminables quant à la posture stratégique à adopter face à l’oppresseur, qui en découle, que l’on perd assez vite le fil d’une intrigue qui détourne l’attention et provoque rapidement les premiers bâillements.


Bénéficiant d’un casting de choix, avec entre autres Lee Byung-hun, l’acteur qui est au réalisateur Kim Jee-Woon (A Bitter Sweet Life, J’ai rencontré le Diable, Le Bon, La Brute et le Cinglé) ce que Song Kang-ho est à Bong Joon-ho, Kim Yoon-seok (The Chaser) et Park Haeil (War Of The Arrows, The Host), cette superproduction qui possède des atouts indéniables ne parvient quasiment jamais à magnifier son propos dans son visuel super léché, ne serait-ce que par le lyrisme découlant de sa dramaturgie, comme le fit jadis un grand auteur comme Akira Kurosawa dans ces grandes reconstitutions historiques en costumes du genre Ran ou Kagemusha.
Tellement occupé à tenter de vitaliser son propos entre deux interminables tirades dialoguées, par des batailles, certes plutôt bien chorégraphiées, mais dont on peine à définir les tenants et aboutissants, l’auteur parvient péniblement à remplir le cahier des charges de son luxueux métrage qui s’étend sur deux longues heures vingt.


A noter, une partition musicale de grande qualité signée par le célèbre compositeur nippon, Ryūichi Sakamoto qui parvient malgré tout à rehausser la dimension dramaturgique de cette œuvre pleine de bonne volonté, mais ruinée par de longues déambulations qui finissent par la rendre pompeuse.

Créée

le 20 janv. 2020

Critique lue 714 fois

6 j'aime

1 commentaire

Critique lue 714 fois

6
1

D'autres avis sur The Fortress

The Fortress
Lakahand
4

Une longue bataille de mots

The Fortress oppose à l’écran deux énormes vedettes, Lee Byung-hun (Inside Men, Les sept mercenaires) et Kim Yun-seok (Sea Fog, The Chaser). Ils incarnent deux ministres du roi qui s’opposent sur...

le 8 juin 2018

7 j'aime

The Fortress
philippequevillart
5

Contenir ses bâillements

Bénéficiant de moyens conséquents, cette reconstitution historique du siège de la forteresse du mont Namhan par les mandchous, se caractérise par son réalisme, des décors d’une grande richesse, des...

le 20 janv. 2020

6 j'aime

1

The Fortress
Dagrey_Le-feu-follet
7

Stratégies de guerre

En 1636, les Quing attaquent Joseon et la forteresse où sont réfugiés le roi, son équipe de ministres et ses sujets. The forteress est un drame historique relatant l'attaque de Joseon par les Quing...

le 30 oct. 2017

5 j'aime

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5